Tunisie : les futures élections ne font guère recette
Dans un bureau d'inscription sur les listes électorales de Tunis, hier matin.
Anouk Ledran
Sept mois après la fuite du dictateur Ben Ali, la moitié seulement des Tunisiens en âge de voterse sont inscrits sur les listes électorales en vue du scrutin du 23 octobre.
Tunis.De notre correspondante
Dimanche 14 août, 10 h. Dans le bureau blotti entre les ruelles de la medina de Tunis, les citoyens défilent à un rythme continu. Il leur reste quelques heures pour s'enregistrer comme électeurs en vue du premier scrutin de l'après Ben Ali, le 23 octobre. « Depuis hier, l'affluence s'est accrue »,assurent les quatre agents d'inscription.
Samira Abidi, 38 ans, deux enfants, a attendu le dernier jour car elle n'a « pas trouvé le temps avant ». L'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), chargée d'organiser le scrutin, espérait une forte mobilisation, ce week-end, pour regonfler des chiffres décevants depuis l'ouverture des bureaux, le 11 juillet.
Samedi à 13 h, presque 3,5 millions de Tunisiens avaient fait le déplacement, soit moins de 50 % des 7,5 millions d'électeurs potentiels.
Ils veulent se faire élire, on veut vivre mieux !
Fin juillet, l'Isie avait reporté de douze jours la clôture des inscriptions, initialement fixée au 2 août. En plus des centres d'enregistrement ouverts dans tous les gouvernorats, des bureaux ambulants avaient été installés dans les espaces publics. Des initiatives qui s'ajoutaient à une vaste campagne de sensibilisation.
Mais dans les souks de la capitale, nombreux étaient, hier, les commerçants insensibles à ces encouragements. « Je ne comprends rien », lâche Noureddine Ben Salah, 57 ans. Un aveu révélateur d'un flou général à l'approche de l'élection de l'Assemblée constituante, qui sera chargée de rédiger une nouvelle Constitution.« Que fera-t-elle ? Et comment ? », s'interroge le boutiquier.
Le manque de visibilité sur les programmes des partis politiques explique aussi cette désaffection. Leur foisonnement ¯ ils sont plus de cent ! ¯ a renforcé la méfiance des citoyens à l'égard de la politique, déjà grande après vingt-trois ans d'un régime autoritaire. « Ce qu'ils veulent, c'est se faire élire, dit Mohamed Aymen, 30 ans. Ce que nous voulons, c'est vivre mieux. » Le vendeur de bric et de broc ne s'est pas fait enregistrer.
Il pourra néanmoins voter le 23 octobre, comme tous les Tunisiens détenteurs d'une carte d'identité. Début août, l'Isie a annoncé que les récalcitrants seront automatiquement inscrits sur les listes électorales. Elle utilisera les données du ministère de l'Intérieur, en charge de l'organisation des élections sous le régime de Ben Ali. Un recours que l'enregistrement volontaire des électeurs avait pour but d'éviter.
Anouk LEDRAN.
source: France Ouest
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