Vers une guerre civile en Syrie ?
Assad tient dans sa main de fer un pays très composite aux multiples communautés.
La Syrie s'achemine-t-elle, après trois mois de répression, vers une guerre civile qui menacerait le régime tenant dans sa main de fer les communautés de ce pays très composite ? La question s'impose aux analystes depuis l'annonce de la mort de 120 policiers lundi. Selon les autorités syriennes, ces membres des forces de l'ordre ont été tués à Jisr al-Choughour (nord) par des "groupes armés". Mais des militants des droits de l'homme et différents témoins ont réfuté cette version, certains affirmant que les victimes étaient mortes lors d'une mutinerie au QG de la sécurité.
Dans l'hypothèse d'une tentative de mutinerie ou de défections pour aider les manifestants, le régime du président Bachar el-Assad serait "confronté à une rébellion d'ampleur différente", commente Mohamad Bazzi, du Centre des affaires étrangères (CFR) à New York. "Cela pourrait amener le régime à faire usage d'une force encore plus brutale pour tenter d'écraser la révolte et ce pourrait être le tournant amenant la Syrie à une guerre civile, un conflit à grande échelle entre les sunnites et les Alaouites", ces derniers étant la minorité au pouvoir. Mohamad Bazzi note toutefois que la tête de l'armée est monopolisée par des alaouites fidèles au clan Assad et que les minorités chrétienne, druze et chiite (qui constituent environ 15 % de la population) ont tendance à "considérer Assad comme une source de stabilité". L'expert ajoute que les sunnites laïques, notamment "la bourgeoisie commerçante de Damas et Alep", ne semblent pas être encore entrés dans la contestation. "Un début de scission dans l'armée pourrait les faire basculer", juge-t-il, car "Assad perdrait l'argument selon lequel il est le seul à pouvoir maintenir la stabilité".
Un régime sur la défensive
"Tout le monde s'inquiète d'une guerre civile qui se répandrait dans tout le pays", note de son côté un diplomate européen à Washington, en jugeant cette issue "possible". Selon les informations dont dispose cette source, l'opposition syrienne est mieux organisée qu'au début des manifestations, sans qu'on puisse encore parler "d'opposition structurée". Pour le dissident Amr al-Azm, le régime d'Assad redoute tout de même que les opposants se constituent un fief aux frontières. Cela expliquerait la violence particulière de la répression, d'abord à Deraa, aux confins de la Jordanie, et à Benyas, près du Liban, puis ces derniers jours à Jisr al-Choughour, à la frontière turque. Les dirigeants syriens sont "tétanisés à l'idée que se forme un nouveau Benghazi", a affirmé au New York Times cet enseignant en histoire de l'université Shawnee State, en référence à la "capitale" rebelle dans l'est de la Libye, fief de la contestation.
Parler de guerre civile est "très prématuré", conteste le blogueur et militant des droits de l'homme Nasser Weddady, qui rappelle que "la lutte pacifique et non violente est l'objectif déclaré des manifestants". Selon lui, le régime d'Assad est "aux abois" et "sur la défensive". Il "invente toutes sortes d'histoires" de conspiration et d'attentats pour justifier sa violence et se présenter comme le garant de la stabilité, notamment auprès de la communauté internationale
source: lepoint.fr
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