Tunisie : le procès historique de Ben Ali , sans accusé ni avocats



Zine El-Abidine Ben Ali et son épouse Leila, en mars 2006.
Zine El-Abidine Ben Ali et son épouse Leila, en mars 2006.
AFP
Par RFI
Le premier procès de Zine el-Abidine Ben Ali qui s'est tenu le 20 juin est historique car rares sont les ex-dirigeants de pays arabes à avoir été jugés. Mais il a eu lieu sans l'accusé et les avocats n'ont pas été autorisés à plaider. Cette première audience express même si elle s'est soldée par une condamnation à 35 années de prison a laissé un goût amer chez ceux qui rêvaient de voir l'ex-président répondre de ses actes en personne, et des actes les plus graves qui lui sont reprochés. Ce qui est sûr, c'est que les audiences de lundi ne sont qu'un avant-goût de ce qui attend Zine el-Abidine Ben Ali et ses avocats.

NOTRE DOSSIER SPÉCIAL
La Tunisie après Ben Ali
L'ancien chef de l'Etat est poursuivi pour plus de 90 chefs d'inculpation. Et de nouvelles affaires s'ajoutent régulièrement à celles qui sont annoncées. Les plus importantes ont été transmises à la justice militaire. Ce qu'on sait c'est que Zine el-Abidine Ben Ali sera notamment jugé par un tribunal militaire pour conspiration contre l'Etat, torture et homicide volontaire, des accusations en lien avec la féroce répression qui s'est abattue sur les manifestants durant les quatre semaines de soulèvement populaire.
Une répression qui a fait près de 300 morts, mais dont l'ancien raïs nie déjà la responsabilité. « Je n'ai jamais donné l'ordre de tirer à balles réelles », s'est-il déjà défendu par la voix de son avocat. Il encourt la peine capitale.
Ce procès est attendu par toutes les familles de victimes mais elles n'auront pas le droit de se constituer partie civile devant la juridiction militaire. Reste à savoir si les avocats auront le droit de plaider. Cela n'a pas été le cas lundi en référence à l'article 141 du code de procédure pénale.
L’ancien bâtonnier qui défend des familles de victimes de la répression, Abdelfettah Benmoussa l'assure pourtant, c'est un droit de la défense même en l'absence de l'accusé sinon pourquoi commettre des avocats d'office ? s'interroge t-il. Sans l'accusé, et peut-être sans plaidoirie, les prochains procès risquent comme celui de lundi de décevoir un certain nombre de Tunisiens.

Mâître Abdelfettah Benmoussa
Ancien bâtonnier, défenseur des familles de victimes de la répression.
L'essentiel reste à faire.

22/06/2011 par Marie-Pierre Olphand
Pour sa part, Bochra Bel Haj Hamida, ancienne présidente de l'association des femmes démocrates, -une des associations de la société civile tunisienne qui compte- et avocate, juge que c'est un premier pas même si le procès ne répond à toutes les attentes.

Bochra Ben Haj Hamida
Ancienne présidente de l'association tunisienne des femmes démocrates
La lecture même de l'acte d'accusation en public par exemple est déjà une chose importante.

22/06/2011 par Marie-Pierre Olphand
Et pour Ben Ali, sa condamnation par contumace, à 35 ans de prison et à des amendes colossales pour détournement de fonds, est une liquidation politique, selon un communiqué transmis par son avocat français Jean-Yves Le Borgne.

Maître Jean-Yves Le Borgne
Avocat de Zine el-Abidine Ben Ali
L'ex-président constate qu'au terme d'une parodie de justice,(...), il a été condamné à une peine d'élimination.

22/06/2011 par Constance de Bonnaventure


 source: RFI

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