L'aide au retour des migrants tunisiens passe de 2000 à 300 euros

Par Jules Giraudat
L'aide au retour des migrants tunisiens passe de 2000 à 300 euros
Manifestation d'immigrés tunisiens à Paris. 
Leur "aide au retour" est passée de 2000 à 300 euros.
afp.com/Joel Saget

Conformément à l'accord migratoire franco-tunisien du 28 avril 2008, la France s'était engagée à verser 2000 euros aux migrants tunisiens sans papiers qui souhaitaient repartir dans leur pays. L'Office français de l'immigration et de l'intégration vient de réduire unilatéralement cette "aide au retour" à 300 euros.

Omar, 27 ans, avait préparé ses valises, il attendait avec impatience de pouvoir repartir dans sa ville d'origine, Ben Gardane, près de la frontière tuniso-libyenne. L'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii) avait accepté le 23 mai sa demande de retour volontaire, et lui garantissait 2000 euros d'aide. Quelques jours plus tard, l'Ofii lui a annoncé qu'il ne toucherait plus que 300 euros.  
"Une somme insuffisante pour pouvoir rembourser les amis et les proches qui m'ont prêté de l'argent pour financer mon voyage, explique Omar. Je suis obligé de rester en France dans l'illégalité. J'ai le sentiment d'être pris au piège". D'après des documents (voir ci-dessous) que s'est procuré LEXPRESS.fr, une dizaine de Tunisiens, passés par Lampedusa et arrivés à Paris en mars, seraient actuellement dans la situation d'Omar. 
L'aide au retour des migrants tunisiens passe de 2000 à 300 euros
L'aide au retour réduite à 300 euros pour les Tunisiens
Selon l'Ofii, les lettres reçues par les migrants, leur garantissant 2000 euros, seraient dues à une simple "erreur administrative". L'établissement public a confirmé qu'une note interne décrétait de plafonner désormais l'aide au retour volontaire accordée aux Tunisiens à 300 euros...contre 2000 euros pour les migrants d'autres nationalités. "C'est un revirement inacceptable qui laisse ces Tunisiens dans des conditions infrahumaines" affirme, Pierre Henry, directeur général de France Terre d'Asile, qui loge et aide les migrants. Il doute, en outre, de la légalité de cette décision. "Cette circulaire contredit l'accord migratoire franco-tunisien de 2008. Elle émane du directeur général de l'OFii, et n'est pas passée par le conseil d'administration. "  
France Terre d'Asile avait alerté les autorités publiques, dès le début de la révolte tunisienne, du risque d'une vague d'immigration clandestine. L'ONG avait proposé à l'époque d'établir un dispositif à mi-chemin entre l'aide humanitaire (de 300 euros) et l'aide au retour volontaire (de 2000 euros), qui s'adresse aux sans-papiers présents sur le territoire depuis plus de trois mois. L'objectif : offrir aux migrants un retour au pays digne, sans les obliger à vivre dans l'illégalité et dans desconditions précaires durant trois mois.  
"La Tunisie accueille 300 000 Libyens et la France rejette 6000 Tunisiens"
"Le ministère de l'Intérieur nous a opposé une fin de non-recevoir, déplore Pierre Henry. Il a affirmé qu'il craignait de créer un appel d'air et ne voulait pas financer les passeurs. C'est un argument populiste et électoraliste. Les migrants ne risquent pas leur vie à traverser la méditerranée pour venir empocher 2000 euros."  
Comme beaucoup d'habitants du Sud de la Tunisie, où le taux de chômage à deux chiffres frappe une jeunesse désoeuvrée, Omar espérait trouver dans l'Hexagone du travail et un pays d'accueil. "Je voyais la France comme l'Eldorado, se souvient-il. Mais en arrivant j'ai été rejeté et traité comme un malpropre. En Tunisie, nous avons accueilli 300 000 libyens qui fuyaient la guerre, et la France semble incapable de recevoir 6000 Tunisiens".  
"Traité comme un animal en France"
Omar qui doit s'acquitter de 2500 euros de dette, compte désormais "survivre" en espérant décrocher au noir des petits boulots. Seul sésame pour le retour au pays et à la liberté. En attendant, il risque au moindre contrôle de police, d'être placé en centre de rétention puis expulsé...vers l'Italie.  
Son camarade, Mahmoud, a suivi ce parcours du combattant. "J'ai été placé en garde vue durant trois jours, après avoir témoigné devant la police d'une bagarre à Barbès, raconte-t-il désabusé. On m'a ensuite conduit en avion à Nice à 4h30 du matin, avant même que les volontaires de France Terre d'Asile puissent venir défendre mon cas. On m'a, enfin, déposé à la frontière italienne, sans eau, sans nourriture, sans argent. J'avais l'impression d'être traité comme un animal." Mahmoud est reparti immédiatement en train pour Paris. "Les autorités françaises ont perdu leur temps et leur argent", lance-t-il. Comme d'autres migrants, il était pourtant détenteur d'un permis de libre circulation dans l'espace Schengen, valable six mois, délivré par l'Italie lors de son arrivée à Lampedusa.
source: lexpress.fr

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