La police saccage un camp de migrants tunisiens

Les tentes qui servaient d'abri à des migrants de Lampedusa dans le parc des Buttes-Chaumont, à Paris, ont été détruites, témoignent les associations qui interviennent auprès d'eux.

De plus en plus précarisés. Le campement improvisé où dormaient depuis quelques nuits des migrants Tunisiens dans le parc des Buttes-Chaumont a été détruit lundi lors d'une descente de police.

"Une cinquantaine de policiers sont venus vers 16 heures, ils ont tout saccagés", raconte Mohamed Dhaoui, membre de l'association Action Tunisienne. "Ils ont aussi jeté les médicaments des réfugiés et les ont piétinés. Ils disaient avoir agi sur ordre de la mairie, mais celle-ci a démenti".

Le "36 Botzaris", ex-refuge des migrants

Une centaine de migrants Tunisiens venus de Lampedusa avaient dans un premier temps trouvé refuge au 36, rue Botzaris, à Paris, une annexe secrète du RCD, le parti du dictateur déchu Ben Ali. Le bâtiment appartient toujours à l'état tunisien. Les jeunes sans-papiers espéraient donc s'y trouver sous protection de leur ambassade.

Mais les réfugiés ont été expulsés sans autre forme de procès jeudi 16 juin, sur demande de l'ambassade de Tunisie. Laquelle a réquisitionné  les lieux. On ignore ce qui a réellement motivé ce geste. La présence de nombreuses archives potentiellement utiles dans les différentes procédures judiciaires qui visent Ben Ali n'y est cependant peut-être pas étrangère.

Des jeunes de plus en plus isolés

Depuis, une cinquantaine de jeunes Tunisien dormaient dans le parc des Buttes-Chaumont. Les membres de l'association Action Tunisienneracontent avoir installé une tente et une bâche le weekend dernier, afin de les protéger de la pluie. L'accalmie aura cependant été de courte durée.

Paul est un bénévole venu apporter son soutien en dehors de toute association. Depuis vendredi, il passe la nuit avec les jeunes migrants dans le parc. Il a assisté au saccage du camp lundi, et raconte que les déboires des Tunisiens ne sont pas terminés. "Les policiers sont revenus ce matin pour les disperser, en menaçant de les arrêter s'ils n'obtempéraient pas", témoigne le jeune homme. "Certains jeunes sont revenus dans le parc, d'autres sont partis errer dans les rues de Paris. On ne sait plus quoi faire, c'est très difficile d'accéder à eux maintenant". Ce soir, les bénévoles vont tâcher de retrouver les Tunisiens désormais isolés. Et de trouver une nouvelle solution pour qu'ils ne dorment pas à la belle étoile.

source: humanite