L'incertitude économique règne dans la Tunisie post-révolutionnaire


Depuis le déclenchement de la révolution à ce jour, l'économie tunisienne ne fait plus preuve d'une santé flamboyante. Les économistes, réunis récemment à Tunis lors d'un débat sur "La Tunisie-post révolution: défis et perspectives économiques", ont pointé du doigt les difficultés auxquelles fait face le système économique tunisien.



De gauche à droite: Ridha Kefi, Mahmoud Ben Romdhane, Mthuli NCUBE, Mustapha Kamel Nabli Photo (RT)
De gauche à droite: Ridha Kefi, Mahmoud Ben Romdhane, Mthuli NCUBE, Mustapha Kamel Nabli Photo (RT)
TUNISIE. La Banque Africaine de Développement (BAD) vient de publier une note économique sur la  "Révolution tunisienne: enjeux et perspectives économiques". Cette note trace trois scénarios possibles pour la croissance en Tunisie. Pour le plus optimiste, le taux de croissance du PIB serait de l'ordre de 3,6% en 2011. Mais un tel niveau de croissance semble trop chimérique pour le plus pessimiste qui s'attend à une croissance plus lente de -2,5 % et un taux de chômage élevé parmi les jeunes fraîchement diplômés. Selon le constat dressé  par la BAD,  l'institution penche plutôt pour une croissance de 1,1 % au cours de l'année 2011.

L'économie post-révolutionnaire tunisienne ne fait à plus preuve d'une santé flamboyante. Ce diagnostic est dressé par les économistes réunis récemment à Tunis.

L'économie tunisienne sombre dans "le flou"…

Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Photo (RT)
Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie Photo (RT)
Pour  Mustapha Kamel Nabli, gouverneur de la banque centrale de Tunisie (BCT), "la Tunisie se trouve après la révolution dans une situation d'incertitude dont les causes sont multiples, d'ordre politique, géopolitique et économique." Selon lui, il serait impératif de mettre en situation de gestion des incertitudes et de risque les politiques monétaire et budgétaire du pays. 

"Si l'incertitude continue de planer sur l'avenir économique de la Tunisie, le système bancaire local, le paiement extérieur ainsi que  l'équilibre budgétaire du pays seront touchés de plein fouet  par la crise", confirme-t-il. 

"La Tunisie traverse une période certes cruciale de son histoire. Les conditions risquent de s'aggraver au cours des trois prochains mois. Il faut être prêt à analyser les risques pour éviter tout dérapage économique, surtout que le gouvernement a largement entamé la marge de manœuvre dont il dispose pour ce qui est des ressources budgétaires et monétaires mais aussi en ce qui concerne la balance des paiements et la capacité de financement des banques", a-t-il souligné. 

L'économie tunisienne impactée par la révolution libyenne

Mahmoud Ben Romdhane,  Professeur de sciences économiques, à l’Université tunisienne Photo (RT)
Mahmoud Ben Romdhane, Professeur de sciences économiques, à l’Université tunisienne Photo (RT)
"La situation actuelle en Libye est  lourde de conséquences  et cela à plusieurs niveaux. Les pertes enregistrées depuis le déclenchement de la révolution libyenne s’élèvent, à des milliards de dinars, vu l'importance  des relations économiques qui lient  les deux pays voisins" , confirme  le gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie, Mustapha Kamel Nabli. 
Ces déclarations teintées d'inquiétude et d'angoisse sont en parfaite harmonie avec celles de Mahmoud Ben Romdhane, Professeur de Sciences économiques, à l'université  
tunisienne qui a ainsi pris part au débat organisé par la BAD. Pour lui, l'avenir de la Tunisie dépend de trois facteurs déterminants: l'amélioration  de la situation en Libye, le bon déroulement des élections constituantes prévues le 24 juillet 2011 et l'ouverture civilisationnelle et économique de la Tunisie sur le monde extérieur. 

"La Banque africaine de développement s'engage en faveur de la Tunisie

Mthuli Ncube, vice-président et économiste en chef de la BAD Photo (RT)
Mthuli Ncube, vice-président et économiste en chef de la BAD Photo (RT)
"La Banque africaine de développement s'engage en faveur de la Tunisie",  c'est avec ces propos que Mthuli Ncube, vice-président et économiste en chef de la BAD a entamé son intervention. 

"
 La Tunisie  se dote d'une expérience notable dans le domaine des technologies de l'information qui jouera à son tour  un rôle moteur  dans l'amélioration de la situation et la création de l'emploi. La compétitivité dont jouissent les Pme, installées  au pôle technologique El Ghazala opérant dans ce champ d'activité viennent confirmer ce constat", affirme-t-il.  
  
Ainsi, la BAD s'engage à financer les Pme dans ce domaine ainsi que des grands projets d'infrastructure (électrification, routes, autoroutes..). Ces canaux de certitudes permettront de lever les contraintes liées, notamment  à l'emploi. 

Le vice-président et économiste en chef de la BAD qui reste, malgré tout, optimiste quant à l'avenir économique et à la transition démocratique  en Tunisie, a ainsi révélé  que la dégradation des notes de crédit de la Tunisie a sérieusement affecté la capacité des  banques à lever des lignes des crédits tandis qu'à l'échelle  locale, une baisse des demandes de crédits a été enregistrée. 

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