Gouvernement Provisoire tunisien: où est notre droit de savoir !
Le 14 Janvier 2011, la Tunisie basculait de l'actualité à l'histoire : Ben Ali a pris la poudre d’escampette et le vocable «dégage» est légion : dans les municipalités, les sièges des gouvernorats, les ministères, les institutions publiques et même dans les institutions privées parfois (tellement le peuple n’en saisissait pas le vrai sens), etc.…
Il s’ensuit une hypermédiatisation du clan de Ben Ali et de sa pègre, de ses faits et méfaits qui a abouti à la banalisation de leurs crimes et rendu les poursuites à leur encontre au bas des priorités, tellement de personnes étaient impliquées, à part le procès tumultueux d’un des leurs pour apaiser la population, calmer la rue et museler la presse à sensations !
Dans la mêlée, des remaniements à la diable ont été menés suite aux revendications des contestataires de la Kasbah pour former un gouvernement dit «provisoire» constitué de «technocrates» auxquels incombe la mission d’assurer la continuité des services administratifs, rétablir l'ordre dans la rue, assurer la sécurité des citoyens et des institutions, tout en adhérant à l'enthousiasme pour la révolution qui vient de détrôner un régime despotique et kleptocrate.
Ces technocrates providentiels à qui le pouvoir a échu sans qu'ils en comprennent les rouages, pouvaient, à leur insu, être aisément manipulés par les caciques de l’ancien régime qui feraient feu de tout bois afin de conserver leurs privilèges et ne pas être inquiétés par la myriade de commissions ad hoc, qui devaient protéger et consolider les acquis, encore incertains, de la révolution, et se prononcer, avec force loi, sur les abus de la fratrie élargie du régime déchu qui, sans vergogne, a dépouillé le pays et cannibalisé son patrimoine et ses richesses.
Le premier ministre et le président provisoires, dont la marge de manœuvre rétrécissait comme une peau de chagrin, cédant sous la pression montante de la rue tout en ménageant ses susceptibilités, ont nommé des ministres, d’illustres inconnus, disposants prétendument d’une longue expérience dans la gestion !!!
Nul en était le besoin, il fallait s’inspirer de l’expérience de 1954, plus précisément le 15 Juillet lors de la grande crise du gouvernement autonome tunisien, des personnalités connues pour leur probité et attachement aux valeurs de la république ont été choisis parmi les cadres des ministères afin d’assurer l’intérim administratif de leurs propres départements ! Je citerais : M. Ali Ben Abdallah (Ministère du commerce), M. Hachemi Sebai (Ministère de l’Agriculture), M. Mohammed Ben Ammar (Ministère de la Justice), etc.
Quelle brochette d’érudits ! Ces grandes figures nationales, ont accompli leur mission, avec dévouement et abnégation, jusqu’à la formation d’un gouvernement légitime et représentatif dans une période ou’ le mouvement national pour l’indépendance était à son apogée et ralliait à sa cause de grandes et illustres personnalités.
Plus récemment, le 22 avril 2010, en Belgique, un conseil des ministres actait la démission du gouvernement, et depuis plus d’une année, la Belgique fonctionne sans gouvernement, preuve de bonne gouvernance et de la solidité des institutions belges.
Bref, le gouvernement provisoire actuel, jouant le grand écart entre les demandes du peuple et les moyens dont dispose l’Etat exsangue, était contraint à faire des promesses quelque peu incantatoires et difficile à réaliser, qu’à cela ne tienne l’Etat a haussé les prix des denrées alimentaires pour pourvoir aux indemnités allouées aux diplômés chômeurs, réduisant ainsi le pouvoir d’achat de la classe moyenne, dont se vantait la Tunisie, classe à la limite du paupérisme, mais qui accepte ce sacrifice quitte à rétablir l’ordre, la sécurité et consolider les acquis de la révolution dont le plus chéri est « La Liberté d’Expression ».
Derechef, l'œil toujours rivé sur l'échéance des élections du 24 Juillet 2011, le gouvernement provisoire s’est attelé à la tache d’assurer l’aboutissement des contrats commerciaux concoctés avec des pays de l’union européenne et leurs puissants consortiums industriels, et ce dans plusieurs secteurs stratégiques : Transport, Energie, Nouvelles Technologies, etc.…afin d’assurer le soutien et s’accorder les faveurs de l’historique «protecteur» de la Tunisie et écarter, de facto, les USA qui dans sa politique de mondialisation a déclassé l’Europe !
A titre d’exemple, le pays a-t-il vraiment besoin de faire renaître de ses cendres le programme des logiciels libres, programme national initié en 2000 et qui a enregistré un cuisant fiasco. Après que l’Etat ait dépensé des millions de dinars, on s’est rendu compte, que les logiciels dit « libre » revenaient plus chers que les logiciels dits «propriétaire» en termes de maintenance, de développement et de formation ! De quoi se poser la question légitime : A qui profite ce programme ?
En Mai 2008, lors de sa dernière visite officielle, tant controversée par les associations humanitaires, le président français a bien conclu un très juteux contrat avec la Tunisie pour la vente de seize (16) appareils « Airbus » pour la mirobolante somme de 2 000 000 000 TND : En bonus, l’implantation d’une usine de pièces « Airbus » dans la zone de Mghira sensé pourvoir 2 000 emplois, ou sont ces 2 000 emplois ! Les commissions étaient déjà versées à la famille de Ben Ali ! Le contrat devait aboutir, sinon on pourrait vivre le problème épineux des rétrocommisions payées par la France vers le Pakistan au titre d'un important contrat militaire Franco-pakistanais : Quand même les premiers avions moyen courrier «A-320» sont livrés, pour la compagnie nationale Tunis-Air, dont la moitié de la flotte est entrain de rouiller dans des hangars poussiéreux. Le G8 nous soutient, évidemment, nul n’a besoin d’un client pauvre qui n’honore pas ses engagements financiers !
Le tourisme, qui bat des ailes, avait besoin d’être promu, mais à quel prix : 60 000 000 TND pour une campagne publicitaire, avec une connotation d’humour noir, pour la promotion de ce secteur vital, j’aimerais bien savoir qui est l’heureux prestataire à qui a échu ce juteux marché, sans oublier les 700 000 TND pour la promotion du tourisme algérien dans notre pays. Pourquoi n’a-t-on pas sollicité les tunisiens résidents à l’étranger, dont le nombre en 2009 est évalué à 1 100 000, et les exhorter à contribuer à sauver ce qui reste de la saison touristique et faire montre de leur indéniable patriotisme ?
Ce qui est peut-être matière à inquiétude, c’est la mainmise du gouvernement provisoire, acte légitime diriez-vous, sur la quasi-totalité des institutions de l’Etat, par le biais de la nomination de responsables à leurs têtes choisis plutôt pour leur allégeance et appartenances sociopolitiques que pour leurs compétences prouvées et dévouement désintéressé à la patrie.
Résultat : un réseau administratif et économique contrôlé par une gigantesque pieuvre qui assurerait la pérennité des intérêts de pays dits « amis » et de quelques groupuscules après le présumé départ du gouvernement provisoire, si toutefois départ il–y-a : N’a-t-on pas annoncé le report des élections de l’assemblée constituante au 16 Octobre 2011, annonce qui correspond avec le retour du premier ministre provisoire d’une visite éclair à l’Élysée !
Dans ce paysage politique, et n’ayant aucunement l’intention d’ajouter à la déprime ambiante, je demeure optimiste, et je m’attache à cette lueur d’espoir et le réconfort que m’apporte notre Armée Nationale, à laquelle je fais chapeau bas, qui a payé son tribut à la révolution et continue de le faire avec magnifique courage.
L’armée est la seule institution garante des valeurs immuables de la république et ce depuis 1953 lors de la création du premier noyau de l’armée de libération nationale, suite à l’assassinat de M. Farhat Hached figure de proue, alors, du syndicalisme tunisien, et à l’initiative de braves militants dont : M. Salah Bouderbala, M. Ridha Ben Ammar, M. Hedi Ouertani, M. Naceur Bey etc., qui ayant prêté serment à la mosquée d’El Omrane, ont sacralisé la lutte armée. Puisse Dieu les agréer parmi les siens ainsi que les derniers martyres de l’armée.
Ces actes sont riches d’enseignements à l’aune desquels on jugera, in finé, dans les années à venir nos actions et celles des gouvernements à venir.
En l’absence d’une Assemblée Nationale élue et de fait représentative du peuple, il est impératif, transparence oblige, que ce gouvernement, réponde de ses actes et faits durant la période de son mandat, provisoire soit-il, afin que le prochain gouvernement légitime sache à quoi s’en tenir quant aux engagements entamés par le gouvernement provisoire sur le court et moyen termes et d’en évaluer la pertinence nationale.
Maintes institutions républicaines peuvent assurer cette mission, le peuple ne peut être laissé-pour-compte : il a le droit de savoir. Nous avons tous le droit de savoir.
Aujourd’hui, la dignité du citoyen tunisien risque de choir dans la déshérence : il nous incombe à tous et toutes de la préserver, en rendant justice et surtout des comptes au peuple avec toutes ses strates et convictions politiques.
Il s’ensuit une hypermédiatisation du clan de Ben Ali et de sa pègre, de ses faits et méfaits qui a abouti à la banalisation de leurs crimes et rendu les poursuites à leur encontre au bas des priorités, tellement de personnes étaient impliquées, à part le procès tumultueux d’un des leurs pour apaiser la population, calmer la rue et museler la presse à sensations !
Dans la mêlée, des remaniements à la diable ont été menés suite aux revendications des contestataires de la Kasbah pour former un gouvernement dit «provisoire» constitué de «technocrates» auxquels incombe la mission d’assurer la continuité des services administratifs, rétablir l'ordre dans la rue, assurer la sécurité des citoyens et des institutions, tout en adhérant à l'enthousiasme pour la révolution qui vient de détrôner un régime despotique et kleptocrate.
Ces technocrates providentiels à qui le pouvoir a échu sans qu'ils en comprennent les rouages, pouvaient, à leur insu, être aisément manipulés par les caciques de l’ancien régime qui feraient feu de tout bois afin de conserver leurs privilèges et ne pas être inquiétés par la myriade de commissions ad hoc, qui devaient protéger et consolider les acquis, encore incertains, de la révolution, et se prononcer, avec force loi, sur les abus de la fratrie élargie du régime déchu qui, sans vergogne, a dépouillé le pays et cannibalisé son patrimoine et ses richesses.
Le premier ministre et le président provisoires, dont la marge de manœuvre rétrécissait comme une peau de chagrin, cédant sous la pression montante de la rue tout en ménageant ses susceptibilités, ont nommé des ministres, d’illustres inconnus, disposants prétendument d’une longue expérience dans la gestion !!!
Nul en était le besoin, il fallait s’inspirer de l’expérience de 1954, plus précisément le 15 Juillet lors de la grande crise du gouvernement autonome tunisien, des personnalités connues pour leur probité et attachement aux valeurs de la république ont été choisis parmi les cadres des ministères afin d’assurer l’intérim administratif de leurs propres départements ! Je citerais : M. Ali Ben Abdallah (Ministère du commerce), M. Hachemi Sebai (Ministère de l’Agriculture), M. Mohammed Ben Ammar (Ministère de la Justice), etc.
Quelle brochette d’érudits ! Ces grandes figures nationales, ont accompli leur mission, avec dévouement et abnégation, jusqu’à la formation d’un gouvernement légitime et représentatif dans une période ou’ le mouvement national pour l’indépendance était à son apogée et ralliait à sa cause de grandes et illustres personnalités.
Plus récemment, le 22 avril 2010, en Belgique, un conseil des ministres actait la démission du gouvernement, et depuis plus d’une année, la Belgique fonctionne sans gouvernement, preuve de bonne gouvernance et de la solidité des institutions belges.
Bref, le gouvernement provisoire actuel, jouant le grand écart entre les demandes du peuple et les moyens dont dispose l’Etat exsangue, était contraint à faire des promesses quelque peu incantatoires et difficile à réaliser, qu’à cela ne tienne l’Etat a haussé les prix des denrées alimentaires pour pourvoir aux indemnités allouées aux diplômés chômeurs, réduisant ainsi le pouvoir d’achat de la classe moyenne, dont se vantait la Tunisie, classe à la limite du paupérisme, mais qui accepte ce sacrifice quitte à rétablir l’ordre, la sécurité et consolider les acquis de la révolution dont le plus chéri est « La Liberté d’Expression ».
Derechef, l'œil toujours rivé sur l'échéance des élections du 24 Juillet 2011, le gouvernement provisoire s’est attelé à la tache d’assurer l’aboutissement des contrats commerciaux concoctés avec des pays de l’union européenne et leurs puissants consortiums industriels, et ce dans plusieurs secteurs stratégiques : Transport, Energie, Nouvelles Technologies, etc.…afin d’assurer le soutien et s’accorder les faveurs de l’historique «protecteur» de la Tunisie et écarter, de facto, les USA qui dans sa politique de mondialisation a déclassé l’Europe !
A titre d’exemple, le pays a-t-il vraiment besoin de faire renaître de ses cendres le programme des logiciels libres, programme national initié en 2000 et qui a enregistré un cuisant fiasco. Après que l’Etat ait dépensé des millions de dinars, on s’est rendu compte, que les logiciels dit « libre » revenaient plus chers que les logiciels dits «propriétaire» en termes de maintenance, de développement et de formation ! De quoi se poser la question légitime : A qui profite ce programme ?
En Mai 2008, lors de sa dernière visite officielle, tant controversée par les associations humanitaires, le président français a bien conclu un très juteux contrat avec la Tunisie pour la vente de seize (16) appareils « Airbus » pour la mirobolante somme de 2 000 000 000 TND : En bonus, l’implantation d’une usine de pièces « Airbus » dans la zone de Mghira sensé pourvoir 2 000 emplois, ou sont ces 2 000 emplois ! Les commissions étaient déjà versées à la famille de Ben Ali ! Le contrat devait aboutir, sinon on pourrait vivre le problème épineux des rétrocommisions payées par la France vers le Pakistan au titre d'un important contrat militaire Franco-pakistanais : Quand même les premiers avions moyen courrier «A-320» sont livrés, pour la compagnie nationale Tunis-Air, dont la moitié de la flotte est entrain de rouiller dans des hangars poussiéreux. Le G8 nous soutient, évidemment, nul n’a besoin d’un client pauvre qui n’honore pas ses engagements financiers !
Le tourisme, qui bat des ailes, avait besoin d’être promu, mais à quel prix : 60 000 000 TND pour une campagne publicitaire, avec une connotation d’humour noir, pour la promotion de ce secteur vital, j’aimerais bien savoir qui est l’heureux prestataire à qui a échu ce juteux marché, sans oublier les 700 000 TND pour la promotion du tourisme algérien dans notre pays. Pourquoi n’a-t-on pas sollicité les tunisiens résidents à l’étranger, dont le nombre en 2009 est évalué à 1 100 000, et les exhorter à contribuer à sauver ce qui reste de la saison touristique et faire montre de leur indéniable patriotisme ?
Ce qui est peut-être matière à inquiétude, c’est la mainmise du gouvernement provisoire, acte légitime diriez-vous, sur la quasi-totalité des institutions de l’Etat, par le biais de la nomination de responsables à leurs têtes choisis plutôt pour leur allégeance et appartenances sociopolitiques que pour leurs compétences prouvées et dévouement désintéressé à la patrie.
Résultat : un réseau administratif et économique contrôlé par une gigantesque pieuvre qui assurerait la pérennité des intérêts de pays dits « amis » et de quelques groupuscules après le présumé départ du gouvernement provisoire, si toutefois départ il–y-a : N’a-t-on pas annoncé le report des élections de l’assemblée constituante au 16 Octobre 2011, annonce qui correspond avec le retour du premier ministre provisoire d’une visite éclair à l’Élysée !
Dans ce paysage politique, et n’ayant aucunement l’intention d’ajouter à la déprime ambiante, je demeure optimiste, et je m’attache à cette lueur d’espoir et le réconfort que m’apporte notre Armée Nationale, à laquelle je fais chapeau bas, qui a payé son tribut à la révolution et continue de le faire avec magnifique courage.
L’armée est la seule institution garante des valeurs immuables de la république et ce depuis 1953 lors de la création du premier noyau de l’armée de libération nationale, suite à l’assassinat de M. Farhat Hached figure de proue, alors, du syndicalisme tunisien, et à l’initiative de braves militants dont : M. Salah Bouderbala, M. Ridha Ben Ammar, M. Hedi Ouertani, M. Naceur Bey etc., qui ayant prêté serment à la mosquée d’El Omrane, ont sacralisé la lutte armée. Puisse Dieu les agréer parmi les siens ainsi que les derniers martyres de l’armée.
Ces actes sont riches d’enseignements à l’aune desquels on jugera, in finé, dans les années à venir nos actions et celles des gouvernements à venir.
En l’absence d’une Assemblée Nationale élue et de fait représentative du peuple, il est impératif, transparence oblige, que ce gouvernement, réponde de ses actes et faits durant la période de son mandat, provisoire soit-il, afin que le prochain gouvernement légitime sache à quoi s’en tenir quant aux engagements entamés par le gouvernement provisoire sur le court et moyen termes et d’en évaluer la pertinence nationale.
Maintes institutions républicaines peuvent assurer cette mission, le peuple ne peut être laissé-pour-compte : il a le droit de savoir. Nous avons tous le droit de savoir.
Aujourd’hui, la dignité du citoyen tunisien risque de choir dans la déshérence : il nous incombe à tous et toutes de la préserver, en rendant justice et surtout des comptes au peuple avec toutes ses strates et convictions politiques.
Par Dr Farouk Ben Ammar
source: espacemanager
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