Tunisiens migrants à Paris: "Ici, on est en enfer!"




Le 17 avril, à la gare de Vintimille, militants français et italiens
manifestent sur la voie après l'annulation du "train de la dignité", 
qu'ils comptaient prendre pour accompagner
une soixantaine de migrants de l'autre côté de la frontière.
AFP PHOTO / CATHERINE MARCIANO

Blocage de manifestationssuspension de l'espace Schengensommet franco-italien : le gouvernement multiplie les tentatives de freiner l'arrivée de migrants tunisiens en France. Ceux qui ont atteint Paris ne semblent pourtant pas avoir trouvé l'eldorado tant espéré.

Salih jette un coup d'oeil inquiet autour de lui. Recroquevillé dans son blouson rapiécé, il rase les murs. Agé de 31 ans, il y a quelques mois c'était un serveur dans un restaurant à Tataouine, au sud de la Tunisie ; à Paris depuis six jours, le voilà qui fuit la police et ses contrôles. Sur le boulevard de Belleville dans le nord-est de Paris, les hommes en uniforme observent Salih et ses camarades à la dérobade. "Les policiers ne nous lâchent pas. S'ils nous attrapent, on va au commissariat. Et là ce sont des ennuis à n'en plus finir, même s'ils relâchent toujours." A côté de lui, Ahmed, vingt ans, va craquer. "On en peut plus, on est choqués ! On a mis presque un mois depuis notre ville en Tunisie pour venir jusqu'ici, et voilà comment on est traités."  
Pas de travail
Les deux jeunes hommes sont arrivés dans la capitale en train. Ils y survivent plus qu'ils n'y vivent, pour le moment. "On dort dans la rue, par là...", explique Salih avec un geste vague en direction du parc de la Villette. "On n'a pas mangé depuis deux jours, sauf un petit casse-croûte ce matin", poursuit-il en frottant sa barbe naissante.  
Parti de sa terre natale, "comme tout le monde, pour la liberté, et trouver un travail qui paye bien", Salih est plus que déçu, écoeuré. "J'ai payé presque 2000 euros pour ça! Je pensais trouver le paradis, mais ici on est en enfer!", lâche t-il. "Personne n'a de travail pour nous, renchérit Ahmed. Dans les marchés, sur les chantiers, personne ne veut de nous."  
Combien sont-ils à errer dans les rues de Paris, les Tunisiens qui comme Salih et Ahmed cherchent un abri ? "Je dirais qu'ils sont 5000 à être arrivés à Paris ces deux dernières semaines, mais personne ne sait combien exactement. On ne peut pas faire grand-chose pour les aider, à part leur donner un café, quelques vêtements..." Mochkame Noureddine, membre de l'Association des Tunisiens de France (ATF), est amer. "Ceux qui ont de la famille ici pourront rester et travailler, voire être régularisables. Je les aide à monter leur dossier. Mais beaucoup se retrouvent dans la nature et me demandent comment faire pour rentrer. Là encore, je donne un coup de main, mais vu leur nombre, les aides sont de moins en moins importantes."  
Salih appartient à la deuxième catégorie : il pense très fort au retour. "Je suis tellement dégoûté que j'aimerais rentrer, mais c'est compliqué. Pour l'argent d'abord, mais pas seulement. Tout va recommencer comme avant à Tataouine." Soudain, le boulevard de Belleville se met en mouvement, chacun ramasse ses paquets et tire un compagnon par le bras: la police s'est décidée à commencer des contrôles d'identité.  
source: L'Express

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