Syrie : face-à-face sanglant entre Assad et la rue


Des dizaines de manifestants ont été tués, hier, alors que les forces de l'ordre ont ouvert le feu sur les cortèges appelant à faire tomber la dictature du parti Baas.

Bachar el-Assad espérait peut-être s'en tirer avec une réformette. Mauvais calcul ! Des dizaines de milliers de Syriens l'ont de nouveau défié dans la rue, vendredi, snobant les décrets du président qui, la veille, avait abrogé l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963, et la Cour de sûreté de l'État, qui a envoyé des milliers d'opposants en prison. « Cela ne change rien, car les services de sécurité ne sont soumis à aucune loi, clamait le cyberdissident Malath Aumran. La chute du régime est devenue la principale revendication. »
Les menaces du ministère de l'Intérieur, qui avait interdit tout rassemblement, n'y auront rien fait. Dès la sortie de la grande prière, des cortèges se sont formés jusque dans Midan, le coeur historique de Damas, où 2 000 personnes ont scandé « Liberté ! Liberté ! ». On a aussi manifesté, par milliers, dans les quartiers de Maadamiya, Zmalka et Qaboune. À Douma (15 km au nord de la capitale), les forces de sécurité ont ouvert le feu, tuant au moins neuf personnes.
Des dizaines de tués
Des défenseurs syriens des droits de l'homme parlaient, hier soir, de 40 à 60 morts dans tout le pays, dont 14 dans la seule ville d'Ezra (100 km au sud de Damas). Si ce bilan était confirmé, ce serait la journée la plus meurtrière, en cinq semaines de contestation. Amnesty International avançait, jusque-là, un bilan de 228 tués. Le pouvoir affirme n'avoir utilisé que des lacrymogènes et des canons à eau, pour« éviter des heurts entre manifestants et citoyens ».
Dès le milieu de l'après-midi, le site libanais Now Lebanon répertoriait des rassemblements dans seize villes. À Deraa (Sud), où la contestation a démarré le 15 avril, les pancartes réclamaient l'« annulation de l'article 8 » de la Constitution, qui confie la direction de l'État au parti Baas (socialiste). Pour la première fois, des « comités locaux » ont publié un appel commun. Outre le multipartisme, ils exigent le démantèlement de l'appareil policier et la libération des détenus politiques.
Homs, troisième ville du pays, faisait l'objet d'une attention particulière du régime. C'est le premier grand centre urbain à avoir basculé massivement dans la contestation, lundi, lors des funérailles de manifestants. Jeudi soir, des blindés avaient été déployés préventivement sur la place de l'Horloge. Bravant la troupe, les manifestants scandaient, hier, « ni frères (musulmans), ni salafistes », en réponse aux accusations du pouvoir, qui dénonce un complot extrémiste. Là aussi, les forces de l'ordre ont tiré, faisant au moins quatre tués.
source: ouest-france

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