Libye : Moussa Koussa, la «boîte noire» du régime
Quelques jours avant son départ pour Londres via la Tunisie, Moussa Koussa, ministre libyen des Affaires étrangères, a fait une déclaration à la presse à Tripoli.
Arrivé mercredi soir à Londres, le ministre des Affaires étrangères libyen est une prise de choix pour les alliés.
Malgré la résonance comique de son patronyme («courgette» en arabe) Moussa Koussa n'a rien d'un amuseur, même s'il entame sa carrière par une gaffe monumentale. À peine nommé ambassadeur à Londres, il annonce en 1980 dans une interview au Times: «Les comités révolutionnaires ont décidé hier soir d'exécuter deux personnes de plus au Royaume-Uni, et je les approuve.» Le gouvernement britannique, qui le soupçonne déjà d'être chargé de superviser les assassinats d'opposants libyens en exil en Europe du Nord, lui donne 48 heures pour faire ses bagages. D'autant plus que, dans la même interview, l'éphémère ambassadeur chante les louanges de l'IRA, à laquelle Kadhafi envoie kalachnikovs, lance-missiles et explosifs militaires par bateaux entiers.
Ex-chef des services secrets
Rapatrié, le diplomate porte-flingue continue dans cette veine. Il est chargé des contacts avec les mouvements terroristes du monde entier au sein du «Mathaba», le «Centre anti-impérialiste» de Tripoli. Pendant les années 1980, la campagne de terreur libyenne atteint son apogée. En décembre 1988, c'est l'attentat contre un Boeing de la Pan Am au-dessus de la ville écossaise de Lockerbie (270 morts) puis, en 1989, l'explosion d'un DC-10 français d'UTA au-dessus du Niger (170 morts).
Moussa Koussa est promu en 1994 chef des services de renseignements, ce qui fait de lui l'un des deux ou trois hommes les plus puissants de Libye après Kadhafi. Il est l'un des rares personnages à avoir accès au Guide de la révolution 24 heures sur 24. En 2003, il coiffe une nouvelle casquette. Il est le principal artisan du retour de la Libye sur la scène internationale. Terrifié par le sort réservé à Saddam Hussein, Kadhafi charge son chef des renseignements d'entamer des négociations secrètes avec Londres et Washington. Elles aboutissent en décembre à l'annonce spectaculaire du renoncement de la Libye à son projet nucléaire militaire. Moussa Koussa devient ensuite le meilleur ami de ses collègues occidentaux. Il leur ouvre ses dossiers sur les groupes terroristes et sur les Libyens partis faire la guerre sainte en Irak. Certains membres de l'opposition libyenne l'accusent d'ailleurs de gonfler les listes en envoyant des agents travestis en recruteurs d'al-Qaida enrôler des jeunes désoeuvrés à seule fin de les dénoncer ensuite aux Etats-Unis.
Reçu à Londres, à Washington et à Paris, il est aussi derrière les négociations qui aboutissent aux compensations des familles de victimes des attentats de Lockerbie et du DC-10. Mais sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères, en 2009, marque le début d'une relative mise à l'écart. Moussa Koussa avait cédé les «services» à Abdallah el-Senoussi, un autre pilier sécuritaire. Il n'était, semble-t-il, plus admis dans le premier cercle. Le début des frappes aériennes l'a sans doute convaincu qu'il était temps de passer du côté des vainqueurs. Avec tous ses secrets.
source: lefigaro.fr
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