Intrusion des troupes de Kadhafi sur le territoire tunisien Le silence embarrassé d’Alger face à "l’ingérence" libyenne en Tunisie
Samir Allam
C’est un événement inattendu qui met une nouvelle fois la diplomatie algérienne dans la gêne sur le dossier libyen. Vendredi, les forces de Mouaamar Kadhafi se sont heurtées à l'armée tunisienne dans le centre de Dehiba, ville tunisienne à la frontière de la Libye. L’armée tunisienne a tenté de s’interposer entre les rebelles et les troupes de Kadhafi qui ont pénétré sur le sol tunisien. Des obus ont été tirés, tuant une Tunisienne.
La veille, des heurts avaient eu lieu. Des insurgés libyens ont été poursuivis de l’autre côté de la frontière par les troupes de Kadhafi sur environ un kilomètre. Jeudi soir, Tunis a dénoncé une« violation de l'intégrité territoriale tunisienne » par la Libye, et évoqué une « dangereuse escalade militaire ». A Tripoli, le régime Kadhafi a reconnu que ses troupes avaient brièvement franchi la frontière tunisienne à la suite d'une attaque lancée par la rébellion mais qu'elles s'en étaient retirées.
Cet incident est le second en dix jours. Déjà, le 18 avril, quatre obus de mortier tirés par les troupes de Kadhafi sont tombés en Tunisie, à proximité du poste frontalier tunisien de Lamlas, prés de Dhiba, dans le gouvernorat de Tataouine. Le ministère tunisien des Affaires étrangères a fait part aux autorités libyennes de son désagrément. Visiblement, ces intrusions répétées constituent un message de Kadhafi en direction du nouveau pouvoir à Tunis, qui soutient ouvertement la rébellion.
Depuis le début du conflit en Libye, l’Algérie a systématiquement dénoncé toute ingérence étrangère. Mais face au comportement des troupes de Kadhafi à l’égard de la Tunisie, Alger est resté mystérieusement silencieux. Aucun communiqué de condamnation ni une déclaration appelant à la retenue n’ont été publiés. Pourtant, il s’agit bien d’un cas d’ingérence, voire d’un acte hostile.
Interrogé samedi par TSA, le ministère des Affaires étrangères, via une source autorisée, a fini par lâcher une réaction : « effectivement, nous avons suivi les protestations élevées par les autorités tunisiennes. Devant les risques de débordements, nous appelons à la préservation de l’intégrité territoriale et de la sécurité des biens et des personnes dans les zones frontalières des pays du voisinage ».
Une réaction qui semble insuffisante au regard de la gravité des événements à la frontière entre la Tunisie et la Libye. Alger, qui s’est toujours défendu de soutenir le colonel Kadhafi, n’a toujours pas condamné les massacres de civils en Libye par les troupes du régime. Il a également refusé de recevoir un envoyé du CNT libyen alors qu’au moins un émissaire de Kadhafi a été reçu à Alger. Aujourd’hui, le pouvoir algérien ne condamne pas ce que Tunis considère comme une « violation de l'intégrité territoriale tunisienne » par la Libye. Une position qui ressemble à s’y méprendre à un parti pris en faveur du régime libyen. Il sera difficile demain pour Alger de vouloir se positionner comme un intermédiaire crédible dans la région.
source: tsa-algerie
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