Au Japon, Nicolas Sarkozy prône la solidarité et la sécurité nucléaire

Le président français est le premier chef d'État étranger à s'être rendu dans l'archipel depuis le séisme meurtrier.

Nicolas Sarkozy est le premier chef d'État à se rendre au Japon depuis le tsunami. © Eric Feferberg / AFP

Avec son voyage éclair à Tokyo, Nicolas Sarkozy a certainement marqué des points dans le coeur des Japonais. Depuis la catastrophe du 11 mars (consultez notre dossier : Japon, la grande peur), le président français est le premier chef d'État étranger à se rendre dans l'archipel nippon. Paris avait proposé une visite en prolongation du séminaire du G20 organisé en Chine, quelques jours après le tremblement de terre. Les Japonais avaient alors répondu qu'ils avaient fort à faire et ne pourraient recevoir dignement leurs visiteurs. Mais lundi dernier, l'ambassadeur du Japon a contacté le conseiller diplomatique de l'Élysée, rapporte une source française, en lui disant que "finalement ce voyage était une bonne idée". Pour Tokyo, c'est le moyen de sonner le signal de la reprise. Jamais une visite présidentielle n'avait été montée aussi rapidement. 

La délégation française a traversé un Tokyo à la circulation exceptionnellement fluide, une grande partie des habitants étant partis se réfugier dans le sud de l'archipel ou dans des pays voisins alors que la situation dans la centrale nucléaire de Fukushima n'est toujours pas stabilisée.

"Véritable ami"

Le Premier ministre Naoto Kan, qui examinait le nouveau budget au Parlement, est sorti spécialement de séance pour recevoir la délégation française. "Quand on vient vous rendre visite alors qu'il pleut fort dehors, vous pouvez considérer votre visiteur comme un véritable ami", a-t-il déclaré, citant un proverbe. "Cette crise est l'épreuve la plus dure qu'ait enduré le Japon depuis 1945", a reconnu le chef du gouvernement nippon, les traits tirés. 

Nicolas Sarkozy de répondre : "J'aurais espéré venir vous voir en d'autres circonstances. Les Français ont admiré la dignité et le courage des Japonais. Lors des grandes catastrophes, les Japonais sont toujours les plus réactifs et les plus généreux. Le monde le sait. Aujourd'hui, c'est au monde de vous rendre cette solidarité et cette générosité. Le Japon n'est pas seul. Tous les pays du G20 sont prêts à l'aider..." Le président français a ensuite souligné la nécessité de mettre en place "avant la fin de l'année" des normes internationales de sécurité dans le domaine nucléaire. 

Expertise française

Plus tôt dans la matinée, Nicolas Sarkozy avait profité du séminaire financier de Nankin, en Chine, pour souhaiter que le G20 "tire collectivement les enseignements de cette catastrophe et de son impact sur l'équilibre énergétique et sur l'économie mondiale". Le président français a proposé qu'un G20 des ministres de l'Économie et des ministres de l'Énergie se tienne à Paris au printemps. Il devrait permettre de préparer le sommet de l'Agence internationale pour l'énergie atomique qui se tiendra en juin à Vienne. Ainsi la présidence française du G20 pourrait être marquée par une avancée dans la sécurité nucléaire.

Plus concrètement, l'aide française a commencé à se matérialiser par des consultations avec des spécialistes du nucléaire français qui sont arrivés également ce jeudi à Tokyo, accompagnant la ministre de l'Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet et chargés de faire un état des lieux des besoins japonais. La France propose son savoir-faire dans le domaine du pompage d'eaux radioactives, une condition indispensable avant le redémarrage électrique de la centrale de Fukushima. Paris se prépare également à envoyer des robots capables de manoeuvrer dans la centrale endommagée, là où la présence humaine devient très difficile en raison du très haut degré de radioactivité. Ce souci de sécurité a permis une nouvelle fois au président français de promouvoir les réacteurs de troisième génération EPR, élaboré par Areva. La P-DG du géant de l'atome, Anne Lauvergeon, est également arrivée à Tokyo mercredi avec des spécialistes des questions de sécurité.
source: lepoint