Accrochages policiers-manifestants au Yémen, pressions sur Saleh


Des policiers et des hommes armés en civil ont ouvert le feu lundi sur des manifestants dans les villes yéménites de Taïz et de Houdaïda, tandis que s'accentuent des pressions visant à obtenir le départ du président Ali Abdullah Saleh.

La riposte gouvernementale aux mouvements de contestation intervient au moment où divers signes laissent penser que les Etats-Unis cherchent progressivement à obtenir la fin du régime de Saleh, au pouvoir depuis 32 ans.
A Taïz, au sud de Sanaa, la police a fait feu sur des protestataires qui tentaient de prendre d'assaut le bâtiment de l'administration locale, tuant au moins 15 personnes et en blessant 30 autres, a-t-on rapporté de source médicale.
La chaîne de télévision Al Djazira a diffusé des images de Taïz montrant une rangée de corps étendus sur le sol, apparemment ceux de victimes de tirs de gaz lacrymogènes, auxquels étaient prodigués des soins dans un hôpital de fortune.
Dans le port de Houdaïda, sur la mer Rouge, policiers et hommes armés en tenues civiles ont fait usage de balles réelles contre des centaines de manifestants qui marchaient en direction d'un palais présidentiel, ont rapporté des médecins. Trois personnes ont été touchées par balles, une trentaine blessées à l'arme blanche et 270 affectées par des gaz lacrymogènes.
Face à la montée des manifestations, le président Saleh n'a affiché aucune volonté de compromis.
"Comme vous nous avez accordé votre confiance, nous réagirons. Nous serons fermes comme les montagnes", a-t-il déclaré à des centaines de représentants de tribus qui exprimaient leur rejet des concessions. "Nous vous resterons fidèles, comme vous l'êtes à la légitimité constitutionnelle."
Saleh ne compte pas briguer sa réélection en 2013 et pourrait démissionner après des élections présidentielle et législatives organisées dans un délai d'un an. Dimanche, il a engagé l'opposition à cesser de manifester pour négocier.
Les pressions américaines pour le départ de Saleh semblent augmenter. Selon le New York Times, Washington a "changé sans bruit de position", jugeant qu'il n'introduira sans doute pas "les réformes nécessaires" et doit "être écarté du pouvoir".
Analystes et diplomates s'attendent à voir redoubler en coulisse les pressions occidentales sur le président yéménite.
"La prochaine étape sera de mettre sur la table l'aide au Yémen en faisant savoir que les conséquences seront graves si Saleh continue à employer la violence contre son peuple", dit Chadi Hamid, analyste au Brookings Center de Doha (Qatar).
L'administration Obama n'a fait jusqu'ici aucune déclaration publique qui exhorte Saleh à démissionner.
De source proche des pourparlers menés en coulisse, on rapporte que Washington a sommé Saleh la semaine dernière d'accepter un accord négocié par son ambassadeur à Sanaa pour garantir un dénouement pacifique et une transition ordonnée, sous peine de lui enjoindre publiquement de se retirer.
Dans les milieux d'opposition, on déclare que les discussions stagnent parce que le président cherche à s'assurer que sa famille et lui ne fassent pas l'objet de poursuites judiciaires pour corruption ou d'autres motifs.
Selon un diplomate en poste à Sanaa, on insiste encore actuellement sur la négociation. Les appels directs au départ de Saleh - qui pour le moment ne viennent que de la France - sont jugés prématurées, déclare-t-il.
"Cela dépend des événements des prochains jours. C'est l'un des choix qu'ont toutes les capitales si elles le souhaitent, poursuit-il. Pour le moment, la diplomatie oeuvre en coulisse pour encourager un accord de transition politique entre les parties yéménites. On laisse les autres choix dans le tiroir à l'heure actuelle."
Si les Etats-Unis pressaient sans détours Saleh de partir, "je ne suis pas sûr qu'il céderait tout de suite", ajoute le diplomate.
Bertrand Boucey et Philippe Bas-Rabérin pour le service français
Par Reuters
source: lexpress

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