Marcheurs à bout de souffle ?
Quelques centaines de manifestants à l'appel de la CNCD à Alger
Sadi malmené à El Madania
Organiser trois marches le même jour et à la même heure en différentsquartiers d’Alger est sans doute une astuce… La raison de cette démarche de trois actions simultanées: non seulement il faut faire face au policiers dépêchés sur les lieux afin de réprimer l’initiative mais aussi et surtout faire face aux groupes de jeunes qui se proclament «résidents de quartier» venant spécialement pour déstabiliser les marcheurs. Les exemples, ce n’est pas ce qui manque. Les tentatives des 12, 19 et 26 sont là pour en témoigner. Et le scénario s’est reproduit, hier, à la Placette d’El Madania à Alger. C’est là où devait s’ébranler l’une des marches de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (Cnecd) pour prendre la direction de l’Entv (Boulevard des Martyrs). Rien de cela n’a été fait. Pas la peine de s’interroger sur le pourquoi du comment de non-lieu de cette nouvelle action. Dès les premières heures de la matinée d’hier, un groupe de militants appartenant à cette coordination était déjà sur place. Aussitôt arrivé, aussitôt encerclé, cerné et ceinturé par les hommes en bleu. Impossible de s’y frayer un chemin. Toutes les tentatives de briser le mur «bleu» étaient vaines. Le nombre de ces derniers est certes inférieur à celui déployé le mois dernier à l’ex-place du 1er Mai ou bien la place des Martyrs, mais l’instruction est toujours la même : avorter une nouvelle fois la marche. Rien de changé. Pour cela, tous les moyens sont bons pour y arriver. «DES VOYOUS POUR CASSER LA DYNAMIQUE DE LA MARCHE» Les éléments de l’ordre ont dû compter, pour mener à bien leur mission sur un groupe de jeunes qui s’est constitué sur les lieux. Lequel groupe se proclamant résidant de la cité ! Ces derniers ont scandé : «Bouteflika n’est pas Moubarak !», «L’Algérie n’est pas l’Égypte » et d’autres slogans en faveur de Bouteflika et hostile à la coordination, initiatrice du mouvement. Entre temps, Un hélicoptère ne cessait de tournoyer dans le ciel, produisant un bruit assourdissant. Les manifestants ne sont pas restés, malgré tout, de marbre. Bien au contraire, ils ont pu faire entendre, haut et fort, leurs voix lançant : «Pour une Algérie libre et démocratique !», «Le peuple veut faire tomber le régime !» Ceux-ci n’ont pas répondu aux provocations et parfois des insultes de ce qu’ils ont qualifié de «baltaguia », de «voyous à la solde du pouvoir pour casser la dynamique de la marche». «On les a soumissionné, les pauvres», affirmera un militant. Le groupe de jeunes qui s’est formé contre les manifestants circulait en toute liberté. Les policiers, et ce n’est jamais trop dit, ont fait preuve de passivité flagrante envers eux. Un fait qui n’a pas échappé à un manifestant. À l’adresse d’un policier qui le bouscule, il lui dira : «Vous n’avez pas affaire à nous. Nous somme éduqués. Il faut voir avec les autres (allusion faite aux contremanifestants)». LE PIRE ÉVITÉ Vers 10h30, le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), l’un des initiateurs de la manifestation, fait son apparition au niveau de la Rue Mohamed Belaredj, à quelques encablures de la placette d’El Madania. À peine arrivé, Saïd Sadi a été sauvagement malmené par une foule déchainée. Brutalisé, bousculé et même tabassé, le président du RCD n’a dû son salut qu’à l’intervention de ses gardes de corps et quelques militants de son parti pour sortir indemne. Sinon, le pire se serait produit. Un député du parti n’a pas omis d’accuser les policiers en civil derrière ce traitement qu’il a qualifié lui même de désolant pour un corps censé assurer la protection des citoyens. «Je les ai vus, je les connais, ce sont des policiers qui ont attaqué les manifestants et le président du parti». Le même député évoque même la présence parmi la foule, de «repris de justice ». Il est presque 11h. Les manifestants étaient dispersés. Et c’est, en final, le parfum du scénario des 12 et 16 ainsi que du 26 qui s’est reproduit en ce début du mois de mars.
Amokrane Hamiche
journal: Le Courrier d'Algérie
source: kabyle
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