Libye: la CPI va enquêter sur Kadhafi et ses fils
TRIPOLI (AP) — La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé jeudi qu'elle allait enquêter sur Moammar Kadhafi et ses proches pour de possibles crimes contre l'humanité en Libye dans le cadre de la violente répression contre les opposants. Sur le terrain, les forces armées de l'insurrection se déployaient autour des installations pétrolières stratégiques de Brega, à nouveau bombardées par l'aviation pro-Kadhafi, à l'heure où la crise humanitaire s'aggrave sur la frontière tuniso-libyenne, touchant désormais quelque 180.000 réfugiés.
Il n'y aura "aucune impunité en Libye", a prévenu à La Haye, lors d'une conférence de presse, le procureur de la CPI, l'Argentin Luis Moreno Ocampo.
Selon lui, les forces de sécurité loyales au colonel Kadhafi ont attaqué des manifestants pacifiques dans plusieurs villes de Libye depuis le début du soulèvement le 15 février, Kadhafi disposant avec ses proches du commandement formel ou de facto des forces à l'origine de ces violences.
La CPI saisit l'opportunité "de les prévenir: si les forces sous leurs ordres commettent des crimes, ils pourraient en être tenus responsables pénalement", a ajouté M. Moreno Ocampo. Il a également prévenu les responsables de l'opposition, qui ont pris des armes aux militaires, qu'ils pourraient également faire l'objet d'enquêtes en cas d'accusations contre eux. "Personne n'a l'autorité pour attaquer et massacrer des civils", a-t-il observé.
Au total, le procureur cite Kadhafi lui-même, et sept personnes qui, par leur position, feront l'objet de l'enquête.
Par ailleurs, un porte-parole du ministère de la Défense néerlandais a annoncé que trois militaires néerlandais étaient retenus par les autorités libyennes après avoir été arrêtés par les forces pro-Kadhafi alors qu'ils tentaient d'évacuer des ressortissants étrangers.
Les trois officiers de marine ont été capturés dimanche, peu après leur atterrissage près de Syrte en hélicoptère Lynx, basé sur le navire de guerre HMS Tromp. Ce bateau s'est ancré au large des côtes libyennes pour procéder à l'évacuation de civils étrangers, a précisé à l'AP le porte-parole du ministère néerlandais de la Défense Otte Beeksma.
Sur le terrain, des unités de l'armée libyenne ayant rejoint l'insurrection, armées de mitrailleuses et de lance-roquettes se sont déployées autour des installations pétrolières stratégiques de Brega, ville rebelle de l'est, que les forces loyales au colonel Kadhafi avaient tenté de reprendre mercredi.
D'après des témoins, des avions pro-Kadhafi ont bombardé dans la matinée la ville. "Nous sommes en position de contrôler la zone et nous déployons nos forces", a déclaré à l'AP un officier de l'armée rebelle. Les forces pro-Kadhafi s'étaient emparées du port, de la piste d'atterrissage et des installations pétrolières mercredi, avant que l'opposition ne riposte et reprenne le terminal et la piste.
Dans la ville voisine d'Ajdabiya, également bombardée mercredi, la morgue a donné un premier bilan de 14 morts.
Par ailleurs, le président vénézuélien Hugo Chavez s'est entretenu avec Moammar Kadhafi de l'éventualité de mobiliser un bloc de pays amis afin de jouer les médiateurs pour résoudre la crise libyenne.
Chavez, proche allié de Kadhafi, a pris le contre-pied de la communauté internationale et refuse de le condamner pour la répression sanglante en Libye. Les deux hommes se sont parlé mardi, a ajouté le ministre de l'Information de Caracas, Andres Izarra, via Twitter.
Caracas a fait appel à ses alliés d'Amérique latine et d'ailleurs pour discuter de la création d'un bloc de pays amis, baptisé le "Comité de la paix", qui pourrait jouer les médiateurs. Les responsables vénézuéliens n'ont pas précisé la réponse du dirigeant libyen à cette initiative.
En visite en Tunisie, pays aujourd'hui en première ligne de la crise humanitaire libyenne après avoir été le premier à faire sa propre révolution, la Commissaire européenne chargée de la coopération internationale, de l'aide humanitaire et de la réaction aux crises Kristalina Georgieva a annoncé l'octroi d'une "aide spéciale" d'un montant de 10 millions d'euros pour aider à l'évacuation des réfugiés affluant de Libye vers la frontière tunisienne.
A Paris, le Quai d'Orsay a annoncé que son Centre de crise conduisait une opération humanitaire qui comprenait notamment l'évacuation des ressortissants égyptiens du camp de réfugiés situé à la frontière tuniso-libyenne. Des évacuations ont été engagées par voies aérienne et maritime.
"Le bâtiment Mistral est engagé pour effectuer une rotation maritime de Zarzis vers le port d'Alexandrie. Le navire devrait quitter le port de Toulon le 5 mars à destination du port de Zarzis", situé dans l'ouest de la Libye, précise le Quai d'Orsay. AP
source: tempsreel.nouvelobs
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