Libye : Kadhafi attaque l'Est, les réfugiés affluent


LEMONDE.FR | 03.03.11 | 21h00  •  Mis à jour le 04.03.11 | 07h39

Un rebelle sur un check-point à Brega, jeudi 3 mars 2011.
Un rebelle sur un check-point à Brega, jeudi 3 mars 2011.REUTERS/GORAN TOMASEVIC

La ville libyenne de Brega est de nouveau bombardée par les forces loyales àMouammar Kadhafi, rapporte, vendredi matin 4 mars, la chaîne de télévision Al Arabia. La ville, terminal pétrolier situé sur le golfe de Syrte, à 800 km à l'est de Tripoli, avait déjà été la cible de bombardements aériens mercredi et jeudi. Elle contrôle la route stratégique côtière qui mène à Benghazi, épicentre de la contestation dans l'est du pays.
Au 17e jour de la révolte du peuple libyen, le colonel Kadhafi a attaqué jeudi les bastions de l'Est contrôlés par les insurgés. Les rebelles ont ainsi essuyé une frappe aérienne de l'armée à Brega, un site pétrolier mais aussi un des verrous contrôlant l'accès à Benghazi, fief de l'opposition. Deux sources proches des insurgés et un civil interrogés par Reuters disent toutefois n'avoir entendu aucune explosion. La ville de Misrata aurait aussi été prise pour cible, selon plusieurs messages postés sur Twitter.
Selon les habitants de cette ville côtière, au moins cinq personnes ont été emmenées par les forces pro-Kadhafi au cours de l'offensive appuyée par l'aviation et l'artillerie lourde et qui s'est soldée par la mort d'au moins douze personnes. Des opposants, qui disent toujours contrôler la ville, ont annoncé avoir fait au moins une centaine de prisonniers parmi les combattants loyaux au dirigeant libyen.
Deux sources proches des insurgés et un civil interrogés par Reuters disent toutefois n'avoir entendu aucune explosion.
Un porte-parole de l'opposition a par ailleurs évoqué un renforcement de l'armée en direction de Ras Lanouf, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Brega. Selon lui, l'armée est appuyée par des mercenaires venus du Tchad et du Niger. Selon la Ligue libyenne des droits de l'homme, la répression a fait 6 000 morts.
L'opposition s'organise à Benghazi. Si la population est favorable à la mise en place d'une zone d'exclusion aérienne, elle est en revanche catégoriquement opposée à une intervention militaire terrestre extérieure, rapporte Cécile Hennion, envoyée spéciale du Monde à Benghazi. L'unité de l'Est libyen pourrait être remis en cause par une telle intervention.
Kadhafi visé par une enquête pour crimes contre l'humanité. Le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, a ouvert une enquête pour"crimes contre l'humanité" visant huit personnes, dont le colonel Mouammar Kadhafi, trois de ses fils et le chef de la diplomatie libyenne.
Assurant qu'"il n'y aura pas d'impunité en Libye", il a énuméré plusieurs "incidents", au cours desquels "des manifestants pacifiques auraient été attaqués par des forces de sécurité" : à Benghazi le 15 février, à Aal-Bayda, Derna et Zenten le 16 février ainsi qu'à Tripoli le 20 février.
Le dirigeant libyen accepte la médiation de Hugo ChavezMouammar Kadhafi a accepté la proposition de son allié, le président vénézuélien, lundi, de créer une mission internationale de paix qui puisse faire office de médiateur entre le dirigeant libyen et les insurgés, selon Caracas ainsi que le journal libyen Yosberides. L'opposition a de son côté catégoriquement refusé cette offre. "Nous avons une position très claire : c'est trop tard, beaucoup de sang a coulé", a déclaré un porte-parole.
Kadhafi et Chavez lors d'une réunion à Tripoli le 22 octobre.
Kadhafi et Chavez lors d'une réunion à Tripoli le 22 octobre.AFP/MAHMUD TURKIA
A l'étranger, le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, a indiqué que les pays arabes "étudiaient" cette offre. Paris et Londres l'ont rejetée.
La communauté internationale s'interroge toujours sur une intervention. Le président américain, Barack Obama, a affirmé que le monde entier était "révolté"par la violence contre les Libyens, et a réitéré son appel au dirigeant Mouammar Kadhafi à "partir", en prévenant que les Etats-Unis examinaient "toutes (leurs) options" dans cette crise. L'OTAN ne prévoit toutefois pas d'intervention militaire mais se prépare "à toute éventualité", a affirmé le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Anders Fogh Rasmussen.
Paris et Londres se sont de nouveau déclarés favorables à l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, "si la menace d'utilisation de la force contre les populations libyennes que brandit Kadhafi se concrétisait au cours des prochains jours", a déclaré le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé.
Des hommes qui travaillaient en Libye et qui ont dû fuir le pays attendent la distribution de nourriture à la frontière avec la Tunisie, le 3 mars.
Des hommes qui travaillaient en Libye et qui ont dû fuir le pays attendent la distribution de nourriture à la frontière avec la Tunisie, le 3 mars.ASSOCIATED PRESS/Emilio Morenatti
La crise humanitaire se poursuit. L'exode provoqué par les combats tourne à la crise humanitaire, notamment à la frontière tunisienne, où des dizaines de milliers de travailleurs immigrés viennent chercher refuge. Plus de 80 000 personnes sont arrivées au poste-frontière de Ras Jedir depuis le 20 février, et "plus de 20 000 attendent du côté libyen", selon le chef des pompiers tunisien sur place.
Les organisations humanitaires et la communauté internationale ont engagé une course contre la montre pour évacuer des milliers de personnes vers l'Egypte. Un pont aérien a été mis en place jeudi, et l'Union européenne a annoncé une aide de 30 millions d'euros.
Le Monde.frsource: lemonde

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