Le président du Yémen invite les jeunes à dialoguer
publié le 22/03/2011 à 21:37
Face à la contestation qui monte contre son régime, le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a invité mardi les jeunes protestataires à ouvrir avec lui un "dialogue sincère et transparent" afin d'éviter une guerre civile.
"Le président Ali Abdallah Saleh a vraiment de la sympathie pour la jeunesse et se préoccupe de ses problèmes. Il appelle les jeunes à un dialogue large, sincère et transparent", rapporte l'agence de presse officielle Saba qui cite une source autorisée.
Lâché ces derniers jours par une partie croissante de son entourage politique, militaire, tribal et diplomatique, Saleh avait auparavant dénoncé "ceux qui veulent prendre le pouvoir par des coups d'Etat" et prennent le risque d'"une guerre civile, une guerre sanglante".
En butte depuis presque deux mois à une révolte populaire qui s'inspire des révolutions tunisienne et égyptienne, qui avaient eu raison en quelques semaines des autocrates Zine Ben Ali et Hosni Moubarak, Saleh a, lui aussi, tenté de lâcher du lest avec l'espoir de calmer la contestation.
Il a ainsi successivement annoncé qu'il ne se représenterait pas à la présidence en 2013, tout en assurant vouloir achever son mandat, et annoncé la semaine dernière une nouvelle Constitution instaurant un véritable régime parlementaire.
Mardi, il a fait une nouvelle concession en faisant savoir qu'il n'entendait pas s'accrocher au pouvoir et qu'il le quitterait après des élections législatives organisées au plus tard en janvier 2012 - une proposition rejetée aussitôt par l'opposition qui prédit que le sort du régime se jouera dans les heures à venir.
Saleh, allié stratégique des Etats-Unis dans la lutte contre Al Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), a sollicité lundi la médiation de son influent voisin saoudien pour mettre un terme à la crise, mais celle-ci ne semble pas disposée à s'impliquer dans le sauvetage d'un régime qui semble condamné.
Selon un dirigeant de l'opposition yéménite, Saleh s'est vu offrir la perspective d'un départ dans l'honneur et la sécurité si, comme l'ancien président égyptien Moubarak, il acceptait de quitter le pouvoir sans faire davantage de vagues.
A la suite du massacre d'une cinquantaine d'opposants par les tireurs embusqués sur des toits à la sortie de la grande prière hebdomadaire de vendredi dernier à Sanaa, les défections se sont multipliées dans l'entourage de Saleh - ministres, généraux, chefs tribaux et diplomates en vue.
A l'étranger, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a été le premier dirigeant occidental à juger le départ de Saleh "incontournable", tandis que le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, s'est déclaré mardi préoccupé par l'instabilité au Yémen.
Une dizaine de milliers de manifestants réclament désormais quotidiennement devant l'université de Sanaa, haut lieu de la révolte populaire yéménite, "la chute du régime", reprenant les mots d'ordre des révolutionnaires tunisiens et égyptiens.
Le carnage de vendredi semble avoir été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase et les manifestants exigent désormais "le procès du boucher".
Si le ministre des Affaires étrangères, Aboubakr al Kirbi, est revenu lundi les mains vides de la mission que lui avait confiée Saleh de solliciter une intervention de Ryad, des chefs tribaux yéménites semblent être encore engagés dans des efforts de médiation.
On ignore les détails de leurs propositions, mais ils semblent centrés sur une "transition" en douceur du pouvoir que le président américain Barack Obama a d'ailleurs appelé de ses voeux. Mais, dans ce pays aux structures fortement tribales, aucun successeur évident à Saleh ne semble se détacher.
Cela n'a pas empêché Yassine Nomane, qui assure la présidence tournante de la coordination de l'opposition, de lui proposer mardi une sortie digne: "Il ne doit pas faire comme Kadhafi en détruisant le pays et en tuant les gens. Après cette longue période de gouvernance, il devrait dire: merci mon peuple, je vous quitte pacifiquement."
"Les jeux sont faits, maintenant. La décision est entre ses mains", a ajouté Nomane.
Marc Delteil et Guy Kerivel pour le service français
Par Reuterssource: LEXPRESS
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