Le Mistral n’a pas trouvé d’Egyptiens en Tunisie !

Dépêché en Tunisie par le gouvernement français pour rapatrier des réfugiés égyptiens qui ont fui la Libye, le fleuron de la Marine nationale est reparti à vide.

L'aviation Belge a expatrié par avion des réfugiés Égyptiens en Tunisie vers Le Caire
L'aviation Belge a expatrié par avion des réfugiés Égyptiens en Tunisie vers Le Caire
C’est à croire que les lignes de téléphone sont coupées entre Paris et Tunis. Ou bien, en ces temps de révoltes dans le monde arabe, que le mauvais sort s’acharne sur la diplomatie française. C’est sur une mer d’huile, couleur émeraude, que l’imposante silhouette du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) Mistral s’est présentée, lundi matin, à l’entrée du port de Zarzis (600 km au sud de Tunis). La mission du navire de guerre était double : pour commencer, débarquer 50 tonnes de fret humanitaire (autant dire une misère au regard des 21.600 tonnes qu’il peut déplacer). Une aide destinée aux civils étrangers qui fuient la Libye en guerre et affluent depuis deux semaines à la frontière tunisienne. Puis, récupérer parmi eux 900 Egyptiens pour les rapatrier sur Alexandrie.

A cet effet, la Marine nationale s’était démenée pour modifier la physionomie de ce bâtiment capable, par exemple, de transporter 110 véhicules blindés, 16 hélicoptères et 450 fantassins. A la place des chars lourds ou des hydroglisseurs qui d’habitude occupent ses immenses soutes, elle avait fait monter à son bord des palettes d’eau et de médicaments, des moustiquaires, des cabines sanitaires, plusieurs centaines de couvertures, 3.000 rations de combat (sans porc), quelque 4.000 rouleaux de papier toilette et, surtout, installé des centaines de lits de camp où devaient prendre place ceux auxquels elle venait porter secours. Mais voilà. A la plus grande stupeur des officiers et des 660 hommes envoyés en Tunisie, mis à part les officiels du port et des journalistes, pas un seul réfugié n’attendait le Mistral sur les quais de Zarzis. Pas l’ombre d’un Egyptien.
« Vous dire pourquoi… Il faut poser la question au ministère des Affaires étrangères », répond le lieutenant de vaisseau Thierry Delorme (porte-parole de l’opération) quand on s’étonne auprès de lui de cette étrange situation. « On nous a demandé d’être prêts à venir en aide à des ressortissants égyptiens. Nous avons renforcé nos moyens hospitaliers en un temps record. Pour le reste, nous ne sommes pas payés pour avoir des états d’âme », ajoute-t-il. Pourquoi, dans ce cas, ne pas prendre à bord des réfugiés d’autres nationalités ? Les quelque 12.000 Bangladais toujours en attente de rapatriement à la frontière tuniso-libyenne notamment ? « On peut difficilement embarquer des gens pour des semaines de mer. L’Egypte, c’est seulement à deux jours et demi d’ici, c’est une durée raisonnable », justifie l’officier.
A quai, les hangars qui devaient accueillir les « déplacés » avant leur départ demeurent désespérément vides, fantomatiques. Les banderoles où est inscrit en français, en anglais et en arabe : « Nous souhaitons aux frères égyptiens un agréable voyage », paraissent d’un coup dérisoires pour ne pas dire cruelles. « Ça la fout mal », reconnaît d’ailleurs, sous le manteau, un gradé français.
Mais où sont donc passés ces fameux Egyptiens ? « C’est parce que notre pont aérien a très bien fonctionné », estime Eric Bosc, envoyé à Zarzis par le Centre de crise du Quai d’Orsay. Il est vrai que Paris, à la demande du Caire, s’est empressé d’affréter trois avions de ligne dès le début de la crise. Ils ont assuré une rotation entre la Tunisie et l’Egypte et ramené chez elles 4.000 personnes. Mais, si tous les Egyptiens étaient rentrés chez eux, pourquoi ne pas avoir alerté la marine pour qu’elle annule ou suspende son opération ? « Nous pensions vraiment trouver les réfugiés sur place », assure Eric Bosc. Pour transporter 50 tonnes d’aide humanitaire, un ou deux avions cargo auraient suffi.
source: francesoir

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