La foule incendie le siège du Parti Baas à Deraa en Syrie


Une foule de manifestants a mis le feu dimanche au siège du Parti Baas à Deraa dans le sud de la Syrie, ainsi qu'aux tribunaux de la ville, ont rapporté des habitants.

Au troisième jour de la contestation dans cette ville proche de la frontière jordanienne, les manifestants ont également incendié les filiales locales de deux entreprises de téléphonie, dont l'une, Syriatel, appartient à Rami Makhlouf, un cousin du président Bachar el Assad.
Deraa, qui compte dans les 75.000 habitants, est située à une centaine de kilomètres au sud de la capitale Damas.
"Ils ont incendié les symboles de l'oppression et de la corruption", a expliqué un militant. "Les banques, aux alentours, n'ont pas été touchées", a-t-il ajouté.
Makhlouf, qui dirige plusieurs grandes entreprises, est sous le coup de sanctions américaines en raison de ce que Washington considère comme des actes de corruption et les manifestants, dimanche, l'ont traité de "bandit".
A la tombée de la nuit, les manifestants contrôlaient les vieux quartiers de Deraa, et dans le reste de la ville, on signalait une importante présence policière.
Le président Assad, qui est confronté à la première grande vague de contestation depuis son arrivée au pouvoir, a dépêché des représentants du gouvernement à Deraa pour apaiser la situation, mais des milliers de personnes sont descendues de nouveau dans les rues, dimanche, pour réclamer la levée de l'état d'urgence, qui est en vigueur depuis 1963 dans le pays.
Selon des habitants, un manifestant a été tué dimanche à Deraa par les forces de sécurité. Vendredi, on avait déjà déploré quatre tués et des dizaines de blessés parmi les protestataires.
"Non! Non à l'état d'urgence! Nous sommes un peuple épris de liberté", ont repris les manifestants.
Les forces de sécurité ont tiré dimanche des grenades lacrymogènes et une quarantaine de personnes, intoxiquées, ont dû recevoir des soins à la grande mosquée d'Omari, dans la vieille ville, ont rapporté des habitants.
"La mosquée est désormais transformée en hôpital de campagne. Les forces de sécurité savent qu'elles ne peuvent pas pénétrer dans la vieille ville sans que le sang coule à nouveau", a expliqué un habitant.
La Syrie vit à l'heure de l'état d'urgence depuis que le parti Baas, aujourd'hui dirigé par le président Assad, a pris le pouvoir à la faveur d'un putsch en 1963 et interdit toute forme d'opposition.
Vendredi, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des civils dénonçant la corruption et réclamant des réformes démocratiques.
Depuis lors, le pouvoir s'est employé à apaiser les tensions à Deraa en promettant de remettre en liberté 15 élèves dont les arrestations, pour avoir inscrit des graffiti en signe de protestation, ont contribué à grossir les rangs des manifestants.
La déclaration des autorités annonçant dimanche que ces élèves allaient recouvrer sous peu la liberté représente l'une des rares concessions faites par Damas aux manifestants.
Des dizaines de personnes arrêtées vendredi ont été relâchées, mais des dizaines d'autres sont encore derrière les barreaux, selon des militants.
Samedi, des milliers de personnes venues pleurer les victimes de la veille avaient appelé à une "révolution". Des représentants du pouvoir ont rencontré par la suite des notables de Deraa, qui leur ont remis une liste de doléances, parmi lesquelles la libération des prisonniers politiques.
La liste comprend également le démantèlement du siège de la police secrète à Deraa, le renvoi du gouverneur, un procès public pour les responsables de la tuerie de vendredi et l'abrogation de règles stipulant qu'il faut demander une autorisation à la police secrète pour vendre et acheter des propriétés.
La région tribale de Deraa abrite des milliers de déplacés chassés de l'Est de la Syrie, victime de graves pénuries d'eau.
Des manifestations pacifiques ont eu lieu depuis le début du mois en d'autres points de Syrie, à l'instar de ce qui s'est produit en Tunisie, en Egypte et dans d'autres pays arabes.
Des petites manifestations ont été signalées ces jours-ci à Homs, dans le centre du pays, ainsi que dans la ville côtière de Banias, où se trouvent deux raffineries de pétrole.
Une marche silencieuse réunissant 150 personnes a eu lieu cette semaine à Damas pour réclamer la libération de milliers de prisonniers politiques. Une militante de Deraa, Diana al Djaouabra, a pris part à cette marche et a été arrêtée pour atteinte au moral de la nation, de même que 32 autres protestataires, a déclaré un avocat.
Djaouabra, qui est issue d'une grande famille syrienne, plaidait pour la remise en liberté des 15 élèves arrêtés à Deraa. Une autre habitante de Deraa, Aïcha Aba Zeïd, a été elle aussi arrêtée voici trois semaines pour avoir exprimé des opinions politiques sur internet.
Avec Suleiman al Khalidi; Eric Faye pour le service français
Par Reuters
source: Lexpress

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