La colère contre le régime d'Assad enfle en Syrie


Des manifestations contre la répression sanglante de Deraa se sont propagées aux principales villes du pays, hier. Les forces de l'ordre ont encore tiré.

La Syrie va-t-elle, à son tour, être embrasée par le printemps arabe ? Trop tôt pour l'affirmer. Mais la journée d'hier a marqué un tournant dans la contestation du régime policier de Bachar el-Assad. La révolte, partie de Deraa (sud), il y a tout juste une semaine, a fait tache d'huile dans de nombreuses villes du pays, où des manifestants ont défié le pouvoir du parti Baas (socialiste) aux cris de « Liberté ! »
À Deraa, malgré le quadrillage militaire, plusieurs dizaines de milliers de personnes sont encore descendues dans les rues, pour les obsèques de trente-sept manifestants tués mercredi. « L'heure de vérité a sonné », grondait la foule. Des slogans hostiles à Maher el-Assad, frère du Président et chef de la garde présidentielle, ont fusé. Signe de l'hostilité envers le régime, des manifestants ont incendié une statue d'Hafez el-Assad, le père de Bachar, mort en 2000 après vingt-neuf années au pouvoir. Inimaginable il y a seulement dix jours !
Le régime redoutait particulièrement ce vendredi, alors qu'un appel à une « Journée de dignité » avait été lancé sur les réseaux sociaux, pour protester contre la brutalité de la répression à Deraa. Des vendredis de manifestations ¯ jour de repos en pays musulman ¯ ont été fatals au dictateur tunisien Ben Ali et à l'Égyptien Moubarak.
Aussi, la présidence avait-elle lâché du lest jeudi soir. La conseillère d'Assad, Boussaïna Chaabane, avait annoncé la hausse de 30 % des traitements des fonctionnaires, une lutte accrue contre la corruption et assuré que le Président n'avait pas ordonné de tirer sur la foule à Deraa. Elle avait aussi évoqué une possible levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1963 !
Encore des morts
Ces vagues promesses sont restées sans effet. Hier, des milliers de personnes ont manifesté à la sortie de mosquées de Damas et de sa banlieue, prêtes à « donner leur sang pour les martyrs de Deraa ». Des policiers en civils ont multiplié les interpellations. Sur YouTube, on voit des jeunes du quartier de Daraya scander :« Nous n'avons plus peur ! »
Des cortèges ont aussi été signalés à Hama (ouest), théâtre, en 1978, d'une insurrection des frères musulmans, noyée dans le sang par Hafez el-Assad (plus de 10 000 morts). Des tirs y ont été entendus. À As Sanameïn, en bordure de l'autoroute qui relie Damas à Deraa, les forces de sécurité ont tiré dans la foule. Selon un témoin cité par Al-Jazira et Reuters, il y a eu « plus de vingt martyrs ».
Hier soir, le site libanais Now Lebanon répertoriait des troubles dans une douzaine de villes syriennes, dont Homs et Alep. Des témoignages invérifiables évoquaient une quarantaine de victimes supplémentaires dans le huis clos de Deraa, et quatre à Lattaquié (nord). En revanche, il est sûr qu'il y a eu au moins trois morts à Damas.
Contre toute évidence, le ministère de l'Information affirmait que la situation en Syrie est « totalement calme ». Les seules images diffusées par les médias officiels étaient celles de manifestants pro-Assad brandissant son portrait et le drapeau syrien.
source: ouest-france

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