Japon : incendie à la centrale nucléaire de Fukushima 1
Vue aérienne de la centrale de Fukushima 1, dont les réacteurs enregistrent des explosions chaque jour. Crédits photo : DigitalGlobe/AP
EN DIRECT - L'incendie du réacteur 4 a été éteint dans la nuit, mais «le niveau de radioactivité a considérablement augmenté» sur le site de la centrale, annonce le premier ministre japonais. Une zone d'exclusion nucléaire a été instaurée au-dessus de la zone.
• Une troisième explosion à Fukushima 1
La crise nucléaire s'est aggravée mardi après une nouvelle explosion et un incendie à la centrale de Fukushima 1. Endommagée lors du puissant tremblement de terre de vendredi, la centrale, située à 240 km au nord de Tokyo, connaît une série d'explosions quasi quotidiennes, dont deux ont atteint mardi ses réacteurs n°2 et n°4.
Peu après 6 heures (minuit heure française), une «grosse explosion» s'est produite dans le bâtiment qui abrite le réacteur 2, a annoncé Tokyo Electric Power (Tepco), qui gère la centrale. Contrairement aux précédentes explosions sur les réacteurs 1 et 3, celle du réacteur 2 n'a pas été visible de l'extérieur et n'a pas endommagé le bâtiment externe. Une autre explosion d'hydrogène a ensuite déclenché un incendie dans le réacteur 4, qui était à l'arrêt pour maintenance lorsque le séisme s'est produit. Un bassin de stockage de combustible nucléaire usagé est en feu, selon l'Agence interntionale de l'énergie atomique (AIEA).
Ces explosions sont la conséquence des opérations d'urgence lancées après la panne des systèmes de refroidissement des réacteurs provoquée par le tsunami. Depuis, la centrale, construite dans les années 1970, a été totalement mise à l'arrêt et Tepco injecte de l'eau de mer pour refroidir les réacteurs, un processus qui entraîne des rejets radioactifs.
En conséquence, «le niveau de radioactivité a considérablement augmenté» sur le site de la centrale, a reconnu mardi le premier ministre japonais, Naoto Kan. Il a appelé les personnes habitant dans un rayon de 30 kilomètres à rester calfeutrées «à la maison ou au bureau». Cette mesure s'ajoute à l'évacuation, ordonnée samedi, des plus de 200.000 personnes résidant à proximité de cette centrale située au bord de la mer.
Des niveaux entre 30 et 400 millisieverts par heure ont été relevés autour des réacteurs, ont précisé Naoto Kan et l'AIEA. A partir d'une dose de 100 millisieverts reçue par le corps humain, les observations médicales font état d'une augmentation du nombre des cancers.
Le ministère japonais des Transports a instauré mardi une zone d'exclusion aérienne dans un rayon de 30 km au-dessus de la centrale.
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• Une radioactivité ressentie jusqu'à Tokyo
Un niveau de radioactivité légèrement supérieur à la normale a également été relevé mardi à la mi-journée à Tokyo. Néanmoins, les autorités n'ont pas encore appelé les 35 millions d'habitants de la mégalopole à prendre des mesures de précaution particulières. A Saitama, près de Tokyo, le taux de radioactivité mesuré est 40 fois supérieur à la normale.
De son côté, l'ambassade de France au Japon a démenti qu'un nuage radioactif se dirigeait vers la région de Tokyo. «Les prévisions météorologiques indiquent que le vent est en train de tourner : Tokyo n'est pas menacée par les retombées radioactives», précise un communiqué.
A Maebashi, à une centaine de kilomètres au nord de Tokyo, le niveau de radioactivité était jusqu'à dix fois supérieur à la normale.
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• Les étrangers s'éloignent
Plusieurs ambassades ont conseillé à leur personnel et à leurs ressortissants de quitter les zones affectées, les touristes ont abrégé leurs vacances et des compagnies internationales prévoyaient de se délocaliser hors de la ville. Dimanche, la France a conseillé à ses ressortissants habitant la région de Tokyo de «s'éloigner pour quelques jours» s'ils n'ont «pas une raison particulière» d'y rester.
Plusieurs journalistes étrangers, venus couvrir les opérations de secours dans le nord-est du pays durement frappée par le séisme et le tsunami, font leur valise.
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• L'inquiétude internationale monte, le Japon demande de l'aide
Le Japon a officiellement demandé à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) l'envoi d'une équipe d'experts après les explosions dans sa centrale nucléaire de Fukushima. L'AIEA proposait son aide depuis vendredi.
Le Japon a également demandé aux Etats-Unis une aide sur les questions liées au refroidissement de réacteurs nucléaires, a indiqué lundi l'autorité de régulation nucléaire américaine (NRC).
Dans le même temps, le président de l'Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste, a déclaré que l'agence avait «le sentiment» que l'accident nucléaire de Fukushima avait atteint un niveau de gravité «au-delà de Three Mile Island (niveau 5) sans atteindre Tchernobyl» (niveau 7 sur 7).
Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Yukiya Amano a pour sa part estimé «très improbable» que la crise dans la centrale nucléaire de Fukushima 1 ne dégénère en une situation comparable à celle de l'accident de Tchernobyl.
La Commission européenne a par ailleurs demandé lundi la convocation d'une réunion extraordinaire de l'AIEA la semaine prochaine à Vienne. «Il s'agit de faire le point sur la situation, d'organiser une réponse coordonnée et d'engager une réflexion sur la sécurité nucléaire», a précisé dans un communiqué le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger.
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• Les secouristes restent à pied d'œuvre
Des milliers de personnes évacuées ont trouvé refuge dans des centres d'accueil, comme ici à Otsuchi.
L'autre priorité des autorités japonaises est de porter secours aux plus de 500.000 personnes évacuées, dont beaucoup ont trouvé refuge dans des centres d'accueil. Les 100.000 soldats mobilisés et les secouristes étrangers tentaient de répondre aux énormes besoins en eau potable et en vivres et à remettre en route les infrastructures (routes, téléphone...). «Nous manquons cruellement d'eau. Nous avons aussi besoin de couvertures» car les nuits sont fraîches, a témoigné un responsable de l'hôpital de Kesennuma.
Les sauveteurs continuaient aussi, sans grand espoir, à rechercher d'éventuels survivants alors que 2414 décès avaient été confirmés lundi par la police, un bilan appelé à s'alourdir au fur et à mesure de la découverte de nouveaux corps. On recense également 3118 disparus et 1885 blessés.
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• Débat sur la sûreté du nucléaire
Dans ce contexte, Berlin a décidé un moratoire de trois mois sur l'allongement de vie de ses réacteurs. La Suisse a suspendu ses projets de renouvellement de centrales tandis que l'Inde va vérifier la sécurité de tous ses réacteurs. En revanche, Vladimir Poutine, le premier ministre russe, a annoncé que Moscou ne comptait pas remettre en cause ses projets nucléaires, tout comme Nicolas Sarkozy.
source: Le Figaro
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