Accord partiel sur le rôle de l'Otan en Libye


Les 28 pays membres de l'Otan sont convenus jeudi de faire respecter une zone d'exclusion aérienne en Libye pour protéger les civils face aux forces de Mouammar Kadhafi, mais ils ne sont pas tombés d'accord pour prendre le commandement de l'ensemble des opérations militaires.

De sources proches de l'Alliance, on dit attendre une décision dimanche sur un éventuel élargissement du mandat qui permettrait à l'Otan de viser par exemple des objectifs au sol pour protéger les populations civiles.
Après quatre jours d'âpres discussions, le secrétaire général de l'Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a déclaré que le mandat de l'Otan n'allait pour l'instant pas au-delà de la mise en oeuvre de la zone d'exclusion et d'un embargo sur les armes. Il a ajouté que les forces de l'Otan pourraient se défendre le cas échéant.
A une question sur la possibilité pour l'Alliance de frapper des forces au sol ou de mener une action contre Kadhafi, Rasmussen a répondu: "Pour le moment, il va encore y avoir une opération de la coalition et une opération de l'Otan."
L'ancien Premier ministre danois a ajouté que les négociations se poursuivaient pour faire jouer à l'Otan un rôle plus important et qu'une décision serait arrêtée dans les prochains jours. Dans l'intervalle, il y aura une étroite coordination pour éviter les conflits, a-t-il dit.
Pour l'heure, le commandement des opérations en Libye est centralisé par les Américains. Mais le président Barack Obama, qui tente de sortir les Etats-Unis de deux autres conflits armés dans des pays musulmans, l'Afghanistan et l'Irak, entend obtenir le transfert du commandement à une autre entité dans un délai de quelques jours, et non de semaines.
Si les 28 pays membres de l'Alliance se mettent d'accord pour élargir le mandat, estiment des responsables de l'Alliance, cela équivaudrait à donner à l'Otan le contrôle politique des opérations militaires. Mais ils ajoutent que l'Alliance, dans ce cas, "prendrait en compte" les avis de l'instance de pilotage politique comprenant les pays arabes qui se réunira pour la première fois à Londres mardi.
Cela, expliquent-il, représenterait un compromis entre les positions de la France et de la Turquie.
La France, qui a été la première à bombarder la Libye samedi, souhaite que l'Otan joue un rôle technique par le biais de sa structure de commandement pour les opérations militaires tandis que le contrôle politique de l'intervention serait exercé par un groupe de contact impliquant notamment la Ligue arabe.
La France, dont le président Nicolas Sarkozy a annoncé parallèlement l'engagement par les Emirats arabes unis de 12 avions dans les opérations, juge qu'une opération entièrement conduite par l'Otan deviendrait impopulaire dans les pays arabes, dont le soutien est jugé essentiel.
La Turquie, seul pays musulman au sein de l'Alliance, souhaite au contraire voir l'Otan commander les opérations afin de pouvoir en contrôler l'étendue.
Le Parlement turc a approuvé jeudi la décision du gouvernement de se joindre aux opérations navales de l'Otan au large de la Libye, destinées à faire respecter l'embargo de l'Onu sur les ventes d'armes à Tripoli. La Turquie a donné son accord pour envoyer sur le théâtre des opérations quatre frégates, un navire de soutien et un sous-marin.
Mais Ankara veut utiliser son pouvoir de veto au sein de l'Alliance pour limiter les opérations alliées contre les infrastructures libyennes ou limiter le risque de pertes civiles pendant les raids aériens.
Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré au cours de la soirée que ces préoccupations avaient été entendues et que les opérations en Libye seraient entièrement transférées à l'Otan et qu'il y aurait un commandement unique.
Il a tenu ces propos après une conférence téléphonique avec les chefs de la diplomatie américaine, française et britannique.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'en est pris de son côté à Paris. Faisant allusion à des propos du ministre français de l'Intérieur Claude Guéant, il a déclaré que les mêmes personnes qui s'opposent à l'entrée de la Turquie dans l'UE utilisent le terme de "croisade" au sujet de la Libye.
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton, commentant le résultat mitigé des négociations, a fait valoir que l'Otan était "une structure bien adaptée pour coordonner cet effort international et garantir que les pays participants travaillent ensemble efficacement pour remplir nos objectifs communs".
Les responsables de l'Alliance précisent que les opérations de l'Otan pour faire respecter la zone d'exclusion aérienne devraient débuter dans un délai de 48 à 72 heures.
Elles seront placées sous le commandement de l'amiral américain Samuel Locklear.
Jean-Philippe Lefief, Bertrand Boucey et Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Par Reuters
source: lexpress

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