Reprise de heurts au Caire malgré l'action de l'armée


jeudi 3 février 2011 13h48

par Dina Zayed et Tom Perry
LE CAIRE (Reuters) - Des heurts ont repris jeudi à la mi-journée entre partisans et opposants du président Hosni Moubarak au Caire près de la place Tahrir, épicentre de la contestation en Egypte, malgré les efforts de l'armée pour s'interposer.
Plus de 24 heures après le début de violences qui ont fait au moins six morts et plus de 800 blessés, la place Tahrir restait entre les mains des opposants à Moubarak. Ce n'est que jeudi matin que la troupe a instauré une "zone tampon" entre les deux camps, ce qui n'a pas empêché une reprise des troubles.
Les dernières échauffourées en date se déroulaient dans une rue menant à la place Tahrir (Libération), où plusieurs milliers de manifestants ont rejoint les centaines d'opposants à Moubarak qui y étaient restés là tout au long de la nuit, a constaté un journaliste de Reuters.
Un char et plusieurs soldats ont tenté d'éloigner des partisans du président des rangs de ses opposants. La tourelle du blindé s'est tournée vers les partisans de Moubarak, qui lançaient des pierres, a ajouté ce journaliste.
Des chaînes de télévision ont montré des militaires procédant à des arrestations. Selon certains manifestants, les partisans de Moubarak ont été payés pour intervenir par le Parti national démocrate (PND, au pouvoir).
"Lorsque nous arrivons ici, ils (les militaires) nous fouillent en quête d'armes, et dans le même temps ils laissent passer des voyous en armes qui nous attaquent. Nous refusons de partir. On ne peut pas laisser Moubarak encore en place pendant huit mois", a déclaré un médecin venu soigner les blessés .
L'armée a donné de grands espoirs aux manifestants lundi, en jugeant leurs revendications légitimes et en promettant de ne pas ouvrir le feu sur eux. Depuis mardi soir, lorsque Moubarak a annoncé qu'il resterait au pouvoir jusqu'en septembre mais ne briguerait pas de nouveau mandat, les militaires se sont abstenus pour l'essentiel de toute intervention.
DÉTERMINATION RENFORCÉE
"D'une manière ou d'une autre, nous ferons tomber Moubarak", ont scandé des manifestants en début de matinée. "Nous n'abandonnerons pas!", juraient-ils .
Tout au long de la journée de mercredi, puis dans la nuit, les jets de pierres et de cocktails Molotov entre les deux camps ont maintenu une atmosphère explosive dans le centre du Caire.
Les violences de mercredi ont fait six morts et 836 blessés, dont 86 étaient toujours à l'hôpital jeudi, selon les chiffres du ministère de la Santé. La chaîne Al Arabia, qui ne cite pas ses sources, a parlé quant à elle de plus dix morts et de 1.500 blessés.
Plusieurs journalistes étrangers et égyptiens ont été agressés au Caire lors des violences, ce qui a conduit la Commission de protection des journalistes (CPJ) à accuser le gouvernement égyptien de tentative d'intimidation et de censure généralisée à l'encontre des médias.
Les violences déclenchées par les pro-Moubarak en chargeant, parfois à dos de dromadaire ou à cheval, les manifestants de la place Tahrir, semblent avoir renforcé la détermination des opposants au raïs, qui comptent organiser vendredi de grands rassemblements à l'occasion d'un "jour du départ" - nouvel appel à la démission de Moubarak.
"Ce qui s'est produit hier (mercredi) nous rend de plus en plus résolu à faire tomber le président Moubarak", a déclaré à la chaîne d'information Al Djazira un porte-parole du mouvement de protestation Kefaïa (Ça suffit!).
"Il n'y aura pas de négociations avec quelque membre du régime Moubarak que ce soit après ce qui s'est passé hier et ce qui continue à se produire place Tahrir", a-t-il continué.
Le gouvernement égyptien a démenti jeudi avoir joué le moindre rôle dans la mobilisation des partisans de Moubarak et a assuré qu'il allait enquêter sur l'origine des violences.
Pierre Sérisier et Eric Faye pour le service français

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