Les paternalistes et néocolonialistes en tous genres reprennent du service


L'invitée de la semaine. Nadia Chaabane, Linguiste, vice-présidente de l’Association des Tunisiens en France, Initiatrice de l’appel des femmes tunisiennes du 23 janvier.
Depuis quelques jours, on assiste à un concert de spéculations sur la situation en Tunisie assez étonnant, une ribambelle d’experts défile à la télé, des hommes et des femmes de tous bords dictant aux Tunisiens leur conduite future. Ceux-là mêmes, qui, pendant des décennies, soutenaient activement ou par leur silence le régime de Ben Ali, sont aujourd’hui de retour.
Ceux qui parlaient « du miracle tunisien », « du rempart à l’islamisme » mais ne trouvaient rien à redire sur le régime, la répression, les atteintes aux droits des Tunisiens. Ceux qui comme Antoine Sfeir se sont démultipliés, par le passé sur les plateaux, vantant le régime de Ben Ali jusqu’à participer activement à sa propagande lors des dernières élections et accusant les opposants de dramatisation et d’exagération, tous ceux-là nous offrent un show indécent.
Quinze jours, à peine, après la chute du dictateur, les voilà remis en selle par des médias complaisants. Des médias qui ont, au passage, brillé par un silence assourdissant sur la révolution en Tunisie quasiment jusqu’au bout, à l’instar du gouvernement, qui, égal à lui-même et arrogant, a misé sur la dictature pour protéger ses privilèges.
à peine Ben Ali déchu, des paternalistes et néocolonialistes en tous genres reprennent du service. Ils nous demandent d’organiser des élections au plus vite, de trouver un terrain d’entente avec le RCD, d’enterrer vingt-trois ans de dictature en un temps record. La Belgique n’a pas de gouvernement depuis des mois, ils ne s’en mêlent pas. Les Tunisiens n’ont-ils pas le droit de faire leur transition démocratique souverainement à leur rythme ? La Tunisie n’est pas sous tutelle et les Tunisiens n’ont besoin de personne. Ils ont réussi à virer un dictateur, pourquoi ne seraient-ils pas capables de virer le RCD ? Jusqu’à quand une certaine classe politique française restera-t-elle paternaliste et néocoloniale ? À ceux-là, j’ai envie de dire : vous n’avez rien compris à la Tunisie et aux Tunisiens.
Nadia Chaabane
source: humanite

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