Les ministres priés de passer leurs vacances en France


par Emmanuel Jarry
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Sortie du conseil des ministres à l'Elysée. Nicolas Sarkozy a demandé à ses ministres de privilégier désormais la France pour passer leurs vacances, afin d'éviter la répétition de polémiques liées aux invitations par des autorités étrangères. /Photo prise le 9 février 2011/
REUTERS/Philippe Wojazer

PARIS (Reuters) - Nicolas Sarkozy a prié mercredi ses ministres de passer leurs vacances en France dans l'espoir de faire taire les polémiques sur leurs voyages à l'étranger.
Cette recommandation vaut "évidemment" pour le président, a précisé le porte-parole du gouvernement, François Baroin.
"Ce qui était commun il y a encore quelques années peut choquer aujourd'hui. Cela doit donc être strictement encadré", a déclaré le président français devant le conseil des ministres selon le texte de ses propos publié par l'Elysée.
Nicolas Sarkozy, qui avait promis en 2007 une République "irréprochable", entend enrayer la polémique autour des récentes vacances en Tunisie de la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, et de François Fillon en Egypte.
Les voyages sur invitation de ministres à l'étranger ne seront désormais autorisés qu'en accord avec la cellule diplomatique de l'Elysée et s'ils sont compatibles avec la politique étrangère de la France.
Leurs modalités seront examinées par le secrétariat général du gouvernement, qui les autorisera ou les interdira.
Le Premier ministre avait auparavant annoncé une première série de mesures visant à prévenir les conflits d'intérêt dans la haute fonction publique, comme ceux qui ont coûté son poste à l'ancien ministre du Travail Eric Woerth l'an dernier.
Il a annoncé le prochain dépôt d'un projet de loi pour fixer des règles déontologiques. Les ministres devront faire sans attendre une "déclaration d'intérêts" faisant apparaître les conflits éventuels, a-t-il aussi précisé.
EMBARRAS
Il est reproché à Michèle Alliot-Marie d'avoir emprunté à deux reprises fin décembre l'avion privé d'un homme d'affaires tunisien, alors que le mouvement social qui a emporté le régime du président Zine Ben Ali à la mi-janvier commençait à monter.
François Fillon a pour sa part reconnu avoir séjourné à Assouan, en Egypte, du 26 décembre au 2 janvier, avec épouse et enfants, à l'invitation des autorités égyptiennes, trois semaines avant les émeutes contre le président Hosni Moubarak.
Il a également admis avoir emprunté un avion gouvernemental égyptien pour une excursion à Abou Simbel.
Si l'opposition a réclamé la démission du chef de la diplomatie française, elle a été plus mesurée en ce qui concerne François Fillon, qui était l'invité d'un chef d'Etat.
Le chef de l'Etat a lui-même passé quelques jours au Maroc, où il a été logé dans une résidence du roi Mohammed VI, lors des fêtes de fin d'année. Il a aussi passé le week-end dernier à New York, où il est allé de Varsovie à bord d'un avion de la flotte gouvernementale pour voir son fils Louis, en payant ce voyage privé au prix des avions de ligne, précise l'Elysée.
L'opposition s'est emparée des vacances de François Fillon et Michèle Alliot-Marie pour relancer ses attaques contre le gouvernement à un peu plus d'un an de l'élection présidentielle de 2012, alors que le chef de l'Etat pensait avoir tourné la page de l'affaire Woerth avec le remaniement du 14 novembre.
"L'équipe de professionnels vantée par Nicolas Sarkozy a fait long feu", déplore une source proche du gouvernement.
L'embarras de l'équipe actuelle se mesurait mercredi matin à son mutisme à la sortie du conseil des ministres.
"CULTURE DE LA DÉONTOLOGIE"
"L'ambiance, ce matin, n'était pas aux vacances", confirmait quelques instants plus tard François Baroin.
Nicolas Sarkozy a jugé impérative la diffusion d'une "véritable culture de la déontologie dans la vie publique".
Ce n'est qu'en étant "irréprochables que les personnes qui exercent de hautes responsabilités renforceront la confiance des citoyens dans les institutions de l'Etat", a-t-il expliqué.
Les exigences en matière de morale publique se sont accrues considérablement et "il convient de le comprendre et d'en tirer les conséquences", a-t-il insisté à la veille d'une intervention télévisée face à un panel de Français.
Il a fait valoir que les attentes des Français en la matière étaient légitimes et qu'ils étaient en droit d'exiger de tout responsable public une "réelle transparence".
Selon une source proche du gouvernement, Nicolas Sarkozy aurait songé ce week-end à se séparer de Michèle Alliot-Marie et à la remplacer par le ministre de la Défense Alain Juppé ou par le responsable de l'Agriculture Bruno Le Maire.
Les révélations sur le voyage égyptien du Premier ministre l'en auraient dissuadé. "Virer MAM ça serait fragiliser Fillon", explique-t-on de même source.
Edité par Yves Clarisse

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