L'Egypte, à l'aube d'une treizième journée de mobilisation



Un manifestant anti-Moubarak monte la garde devant une barricade sur la place Tahrir au Caire, le 5 février 2011.
Un manifestant anti-Moubarak monte la garde devant une barricade sur la place Tahrir au Caire, le 5 février 2011.
Patrick Baz / AFP
Par RFI
En Egypte, des milliers de personnes étaient encore sur la place Tahrir cette nuit et réclamaient toujours le départ d'Hosni Moubarak. Mais les autorités parient sur une amélioration de la situation et sur un essouflement du mouvement. Alors que de nombreux Egyptiens reprennent le chemin du travail, la confrérie des Frères musulmans annonce des négociations avec le pouvoir en place.
Avec nos correspondants et envoyés spéciaux au Caire,

NOTRE DOSSIER SPÉCIAL
Pour des millions d’Egyptiens, salariés et retraités, ce dimanche 6 février 2011 est synonyme d’argent. Ils n’ont pas été payés pour le mois de janvier en raison de la fermeture des banques depuis dix jours, par crainte des pillages. Le dimanche est le premier jour de semaine ; c'est donc aussi le jour de la reprise du travail dans toutes les administrations, les sociétés privées et les usines grâce à l'allègement du couvre-feu au Caire, à Alexandrie et à Suez.
Cette journée est aussi l’occasion pour les ménagères de remplir leur panier dans des magasins mieux achalandés et à des prix moins élevés que ceux pratiqués ces derniers jours. Ceux qui sont les impatients d’un retour à la normalité sont les travailleurs du secteur informel et les journaliers. Ils n’ont pratiquement rien gagné depuis le début de la crise et beaucoup survivent grâce à la solidarité des amis et voisins. A 7 heures ce dimanche matin, des milliers de travailleurs journaliers du bâtiment étaient sur les grandes places dans l’espoir que quelqu’un les engage pour la journée.
Des discussions vont s’engager entre les Frères musulmans et le pouvoir

POUR ALLER PLUS LOIN
En annonçant ces négociations, les Frères musulmans cherchent surtout l’effet d’annonce. Il s’agit de montrer à l’opinion publique qu’ils n’étaient pas la cause de la crise. Mais si la confrérie est prête à négocier, elle a quelques conditions préalables : le départ du président Moubarak, l’abrogation de l’actuelle constitution, la dissolution du Parlement et la constitution d’un gouvernement d’union nationale. Le problème est qu’une fois ces conditions remplies, il n’y aura plus vraiment besoin de négocier et d’ailleurs avec qui ?
Mais le seul fait que les Frères se soient déclarés prêts à négocier est le début de quelque chose. La confrérie aurait pu tout simplement dire : nous ne négocierons pas avec ce régime. En fait, les Frères pourraient être en train de mettre la pression pour que le pouvoir fasse encore des concessions. Ils sont aussi en train de mesurer le degré de mobilisation. Si cette mobilisation ne faiblit pas ils camperont sur leurs positions ; dans le cas contraire il sera toujours termps d'aviser. La manifestation du « million » prévue ce dimanche en Egypte sera un bon test.

Les Etats-Unis prêts à donner plus de temps à Omar Souleimane pour préparer la transition
Avec notre correspondant à Washington, Jean-Louis Pourtet
La position américaine ne cesse d’osciller entre le pouvoir en place et les manifestants. L’administration américaine serait maintenant prête à donner un peu plus de temps à Omar Souleimane pour effectuer une transition ordonnée au cours de laquelle éventuellement Hosni Moubarak pourrait se maintenir en place et préparer sa sortie dans la dignité.
Le vice-président américain Joe Biden a tout de même téléphoné à son homologue égyptien pour réclamer un programme de réformes concrètes avec un calendrier clair et des mesures immédiates prouvant que le gouvernement était sincèrement désireux de changer le système.
Le raïs pour sa part a trouvé un allié surprenant en la personne de Frank Wisner, l’ancien ambassadeur américain en Egypte , dépêché au Caire au début de la semaine pour le convaincre de démissionner. Wisner estime maintenant que le maintien de Moubarak a la tête du pays est vital pendant la transition. Le département d’Etat s’est empressé de déclarer que le diplomate parlait en son nom personnel et non en celui du gouvernement américain. Mais certains analystes partagent l’opinion de Frank Wisner, craignant que la vacance du pouvoir ne destabilise la région.
source: RFI

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