«Il ne peut pas y avoir de menace islamiste en Egypte»

Créé le 01.02.11 à 15h59 -- Mis à jour le 01.02.11 à 15h59

Des députés issus des Frères musulmans au Parlement le 30 avril 2006, au Caire (Egypte). AFP PHOTO/STR

Des députés issus des Frères musulmans au Parlement le 30 avril 2006, au Caire (Egypte). AFP PHOTO/STR

INTERVIEW – C'est l'avis de Dominique Thomas, spécialiste du monde arabe et de l'islamisme...

Depuis plusieurs jours, ils n’hésitent plus à s’afficher dans les manifestations. LesFrères musulmans (lire l'encadré) ont pris en cours de route le mouvement de contestation en Egypte et leur présence dans les cortèges fait craindre aux observateurs étrangers, Israël en première ligne, un retour en force de la confrérie dans le jeu politique égyptien. Selon Dominique Thomas, spécialiste du monde arabe et de l’islamisme, ils ne pourront pas prendre le pouvoir tout seuls.

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La crainte d’une montée de l’islamisme en Egypte cas de chute du régime actuel est-elle fondée selon vous?
Cette peur de l’islamisme fait preuve d’ignorance ou est instrumentalisés par le pouvoir actuel. Les frères musulmans ne sont pas comparables à des mouvances djihadistes ou à des mouvements comme le Hezbollah ou le Hamas. Ils ont renoncé à la lutte armée depuis une trentaine d’années. Les frères musulmans sont présents dans les Parlements de plusieurs pays comme le Yemen, le Koweït et la Jordanie.

En Egypte, ils restent la première force d’opposition malgré leur interdiction officielle…
Oui. Malgré tout, ils ne pourraient pas composer seuls si une transition démocratique a effectivement lieu. L’armée ne leur laisserait pas l’opportunité de prendre le pouvoir et ils seraient obligés de le partager avec une autre formation politique. C’est pourquoi il ne peut pas y avoir de menace islamiste en Egypte.

Leurs idées ne vont-elles pas malgré tout se répandre plus librement?
S’ils sont amenés à faire des alliances politiques, ils seront obligés d’alléger leur programme et ne s’en tiendront pas à une stricte application de la chariah. Ils peuvent évoluer vers une sorte de mouvement islamo-social démocrate, un peu comme en Turquie.
Propos recueillis par Catherine Fournier

Dogme du «tawhid»
Les Frères musulmans sont une confrérie islamiste sunnite, fondée en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna. Leur doctrine s'organise autour du dogme du «tawhid» (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique. Bien qu’officiellement interdits, les frères musulmans sont considérés comme la principale force d’opposition du pays et avaient remporté 88 sièges aux législatives de 2005. Sièges qu’ils ont intégralement perdus aux dernières élections, entachées de fraudes.

source: 20minutes