Tunisie: le gouvernement adopte un projet de loi d'amnistie générale

Tunisie: le gouvernement adopte un projet de loi d'amnistie générale
Des prisonniers libérés de la prison de Borj el-Amri, située à 30 km au sud-ouest de Tunis.
Des prisonniers libérés de la prison de Borj el-Amri, située à 30 km au sud-ouest de Tunis.
Reuters / Zohra Bensemra
Par RFI
Le gouvernement d'Union nationale, affaibli par plusieurs démissions d'opposants, tenait ce jeudi 20 janvier son premier Conseil des ministres. Il a quand même adopté un projet de loi d'amnistie générale qui sera présenté au Parlement prochainement. Le texte concerne tous les prisonniers politiques, y compris les islamistes du parti interdit Ennahda.

Ce premier Conseil des ministres de l’après-Ben Ali a duré environ quatre heures et selon les ministres présents il s’est déroulé dans une ambiance sereine, détendue et franche. Une atmosphère qui selon certains ministres tranchait avec les Conseils de l’ère Ben Ali. Les ministres ont adopté un projet d’amnistie qui sera présenté prochainement au Parlement. Un texte qui devrait concerner tous les détenus politiques et notamment les militants islamistes du mouvement Ennahda.
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La Tunisie après Ben Ali








Autre grand axe de la journée : la séparation de l’Etat et du parti, le RCD, et les biens de l’Etat que le RCD, ce parti benaliste, gérait en son nom. Ces biens seront rétrocédés à l’Etat et une commission s’est mise au travail pour examiner tous les actes illégaux qu’auraient pu commettre les dirigeants du RCD. Enfin, le ministre de la Justice a lu devant le Conseil le mandat d’arrêt national lancé contre Zine el-Abidine Ben Ali actuellement réfugié en Arabie Saoudite. Le blogueur le plus célébre du pays, Slim Amamou, devenu secrétaire d’Etat à la Jeunesse et aux Sports, n’a pas arrêté de transmettre des messages sur Internet pour relater le Conseil des ministres minute par minute.
Le ministre de l’Intérieur Ahmed Fria a été conspué par une petite foule lors de son arrivée au Conseil des ministres, les Tunisiens lui reprochent les violences policières de ces dernières semaines et notamment les tirs à balle réelle sur les populations

Manifestation devant le siège du RCD





De nombreux Tunisiens ne se reconnaissent pas dans l'équipe de Mohammed Ghannouchi et demandent le départ de tous les anciens dignitaires du RCD. Le bureau politique du mouvement s'est auto-dissous mais la colère de la population reste forte. Plus d'un millier de personnes se sont rassemblées devant le siège du parti ce jeudi 20 janvier. Les plus téméraires ont déboulonné l'inscription en lettres dorées « Rassemblement constitutionnel démocratique » qui ornait la façade. Une action symbolique contre la confiscation du pouvoir et de l'argent par les proches de l'ancien président. La manifestation devant le siège du RCD est une grande première et est très symbolique car les Tunisiens n’avaient jamais eu l’autorisation de se rassembler devant ce grand bâtiment luxueux de plus de 50 étages qui à leurs yeux incarne le système Ben Ali et la répression.
Ce rassemblement a duré près de cinq heures sans relâche avec des groupes qui ont grossi les rangs au fil de l’après-midi. Le bâtiment était sous la surveillance de l’armée qui même si elle a tiré quelques coups en l’air, a laissé faire les manifestants qui ont pu accrocher des banderoles aux grilles. Cette action qui peut paraître banale ailleurs, dans un autre pays, était inimaginable dans la Tunisie de Ben Ali.
La manifestation s’est ensuite déplacée vers 16 heures sur l’avenue Bourguiba à la demande des militaires qui ont promis que demain le nom du parti aurait totalement disparu de la façade.

source: RFI

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