TUNISIE

Le président tunisien s'engage à une «rupture totale avec le passé»


"RCD dehors". Des manifestations se poursuivent en Tunisie, pour contester la composition du gouvernement d'union nationale, qui compte de nombreux membres de l'ex-parti de Ben Ali, à des postes-clés. (Finbarr O'Reilly / Reuters)
L'essentiel - La composition du gouvernement de transition, avec la présence à des postes-clés des ministres sous Ben Ali, est toujours contestée. De nouvelles manifestations ont eu lieu à Tunis, Sidi Bouzid, ou encore Sfax.
Selon l'ONU, 100 personnes sont mortes du fait de la révolution. Le gouvernement français confirme avoir «intercepté» vendredi du matériel de maintien de l'ordre à Roissy. L'ambassade de Tunisie en France a effacé de son site une photo de Nicolas Sarkozy serrant la pince à Ben Ali en 2008. Après dix ans d'interdiction, Libé est de nouveau disponible en Tunisie.
19h32. Le président tunisien par intérim Foued Mebazaa, s'est engagé dans une allocution solennelle à la télévision à une «rupture totale avec le passé» pour que se réalisent les aspirations de la «révolution de la dignité et de la liberté». «Ce gouvernement va procéder à la séparation entre l'Etat et le parti», a-t-il promis, en référence au RCD, le parti-Etat de l'ex-président Ben Ali. Mebazaa, s'est également engagé à ce que le gouvernement d'union nationale décrète une «amnistie générale» et veille à «la liberté totale de l'information», déjà promises lundi par le Premier ministre Ghannouchi.

18h40. Trois ONG ont déposé plainte à Paris, notamment pour corruption contre l’ex-président Ben Ali et son entourage. Outre la corruption, la plainte déposée par Sherpa, Transparency International et la Commission arabe des droits humains vise le délit de détournement de fonds publics, abus de biens sociaux, abus de confiance et blanchiment aggravé commis en bande organisée.
Leur fortune personnelle serait estimée «à près de 5 milliards de dollars», affirment les plaignants qui reprennent des informations parues dans la presse. Ils demandent un recensement exhaustif des biens appartenant à la famille Ben Ali.
Lire l'interview de Me William Bourdon, avocat des trois ONG.
18h10. Le Forum démocratique pour le travail et les libertés (FDTL), qui avait déjà «suspendu» hier sa coopération, se retire définitivement du gouvernement d'union nationale. «Nous demandons de nouvelles négociations pour la formation d'un nouveau gouvernement», a déclaré Khalil Zaouia, membre du bureau politique du parti.
17h50. A Sidi Bouzid:
 
Sidi Bouzid, le 19 janvier (Zohra Bensemra / Reuters)
17h40. Lu sur Twitter:

et aussi...

17h30. En Algérie, l'ancien numéro deux du Front islamique du salut (FIS, dissous) Ali Belhadj a été inculpé d'«atteinte à la sécurité de l'Etat» et d'«incitation à la rébellion armée». Il avait été interpellé par la police lors des émeutes contre la vie chère entre le 6 et le 9 janvier. Ces émeutes, qui ont fait cinq morts et plus de 800 blessés, ont été rapprochées de celles qui ont porté la révolution en Tunisie. Huit personnes ont tenté de s'immoler depuis une semaine.
16h55. Le journaliste Fahem Boukadous a été libéré, indique son épouse.
 
Un homme dans le tram de Tunis, lors de la manif, aujourd'hui (Finbarr O'Reilly / Reuters)
16h50. Trois partis d'opposition non reconnus sous le régime Ben Ali ont été légalisés durant les trois derniers jours. Il s'agit de Tunisie Verte (écologique) d'Abdelkader Zitouni, le Parti socialiste de gauche de Mohamed Kilani et le Parti du travail patriotique et démocratique tunisien, d'Abderrazek Hammami.
16h30. Dans un texte publié hier, l'ONG Amnesty international appelle le gouvernement tunisien à libérer immédiatement «tous les prisonniers d'opinion». Amnesty, qui a ouvert un blog sur la Tunisie, s'inquiète notamment du sort du journaliste Fahem Boukadous, condamné à quatre ans de prison ferme cet été pour «diffusion d'information de nature à troubler l'ordre public». Fahem Boukadous avait couvert en 2008 l'agitation sociale, durement réprimée, dans le bassin minier de Gafsa.
15h30. L'ONU compte plus de 100 morts en cinq semaines. Les chiffres officiels tunisiens font état de 78
tués et 94 blessés.«Plus de 70 personnes [sont mortes]  dans des tirs, sept dans des suicides de protestation, et plus de 40 dans les affrontements dans les prisons le  mort-end dernier», a précisé Navy Pillay, la Haut commissaire aux droits de l'Homme (Photo ci-contre, Valentin Flauraud / Reuters).
Il est «nécessaire que justice soit faite», a-t-elle souligné. Une mission d'évaluation des droits de l'homme se rendra en Tunisie la semaine prochaine.
15h20. La Banque centrale de Tunisie affirme que son stock d'or «n'a enregistré aucune variation», démentant des informations du Monde faisant état de la fuite de la famille de Ben Ali avec 1,5 tonne d'or.
15h25. Vu sur Facebook: le slogan «RCD dehors», version chaîne humaine, en anglais et en vidéo.

Lu sur le fil Twitter d'Angelique Chrisafis, correspondante du Guardian à Paris:
 
«Vrai changement: pendant quatre heures, des manifestants pacifiques sur l'avenue Bourguiba ont chaté "RCD dehors". Pas de gaz lacrymogènes. La police les a laissés manifester.»
15h15. Le corps de Lucas Mebrouk Dolega doit être rapatrié ce soir en France. Le photographe franco-allemand de l'agence EPA, âgé de 32 ans, est décédé d'une grenade tirée «à bout portant» par un policier tunisien, selon un de ses confrères (Ses photos de la manifestation sont visibles sur le site d'EPA).
15h05. La puissante centrale syndicale UGTT maintient son refus de participer au gouvernement, indique son secrétaire général. «Il nous est impossible de participer à un gouvernement qui intègre des symboles de l'ancien régime» de Ben Ali, a déclaré Abdessalem Jrad. Hier, les trois membres de l'UGTT appelés au gouvernement lundi en ont démissionné.
15 heures. Une enquête judiciaire est ouverte contre Ben Ali et sa famille, pour «l'acquisition illégale de biens mobiliers et immobiliers», les «placements illicites à l'étranger» et «l'exportation illégale de devises», indique l'agence officielle tunisienne TAP.
14h50. Hormis Tunis, des manifs ont également eu lieu à Sfax (vidéo), mais aussi Sidi Bouzid et Bizerte selon le groupe de cyberdissidents Takriz.



Source: YouTube/Nawaat.
A Tunis:
(Finbarr O'Reilly / Reuters)
(Finbarr O'Reilly / Reuters)
14h30. La révolution sera «bénéfique» à long terme pour le tourisme. C'est l'ambassadeur de la Tunisie en Espagne Mohamed Ridha, qui le dit. «Il y a eu une crise de confiance, a-t-il reconnu, mais une fois que des élections démocratiques auront été organisées, «la Tunisie sera encore plus belle, plus crédible».  L'industrie touristique représente 6,5% du PIB et emploie plus de 350.000 personnes.
13h50. Le PDG de Thomas Cook France, Denis Wathier, a dénoncé mercredi l’attitude et l’absence de soutien du gouvernement français lors des opérations de rapatriement des touristes français. Denis Wathier a fustigé encore, comme lundi dernier, la décision «très tardive» du Quai d’Orsay, vendredi après-midi, de déconseiller les voyages non urgents vers ce pays, contrairement à d’autres pays européens qui l’ont fait «vingt-quatre heures avant».
13h30. La Suisse a décidé de bloquer imémdiatement d'éventuels fonds appartenant à Ben Ali. «Par ces mesures, nous désirons éviter tout risque de détournements de ces fonds avant que leur origine soit clairement déterminée», indique la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey
Dans une interview à Libération.fr hier, Me William Bourdon, avocat des trois ONG qui ont déposé plainte contre le clan Ben Ali, indiquait avoir «déjà reçu des informations qui démontrent que Ben Ali a vidé ses comptes en Suisse hier [lundi]».
13h20. Lors du sommet économique des chefs d'Etat arabes en Egyote, le secrétaire général de la Ligue

arabe Amr Moussa (photo) a lancé un appel pressant à répondre aux difficultés économiques et sociales pour conjurer les risques de contagion: «L'âme arabe est brisée par la pauvreté, le chômage et le recul des indices de développement».
13h15. «Notre souhait le plus cher est que cette évolution se fasse sans drame supplémentaire et que les Tunisiens, après avoir mis fin avec courage et dignité à un régime qu'ils rejetaient, trouvent le chemin d'une transition pacifique et exemplaire». Voilà les propos de Nicolas Sarkozy, tels que rapportés par François Baroin, lors du conseil des ministres ce matin. Des paroles qui tranchent avec la position adoptée par l'Elysée (lire notre analyse), jusqu'au dernier moment.
12h50. Ben Ali est «interdit de toute activité» contre son pays, annonce le ministre saoudien des Affaires étrangères Saoud Al-Fayçal. Son accueil s'accompagne «de conditions et de restrictions. Aucune action ne sera autorisée [contre la Tunisie]».
12h45. L'ambassade de Tunisie en France a retiré de son site cette photo de Sarkozy et Ben Ali se serrant la main en 2008, relève Rue89. Elle a été remplacée par une photo de poignée de mains non identifiées.
 
Sarkozy et Ben Ali, le 28 avril 2008, lors d'une visite officielle du président français en Tunisie. (Photo Reuters)
12h30. Le porte-parole du gouvernement François Baroin confirme que du matériel de maintien de l'ordre a été «intercepté» à l'aéroport de Roissy vendredi, soit quelques heures avant la chute de Ben Ali.
Selon Jean-Dominique Merchet, qui a révélé l'information sur son blog, il s'agissait d'une commande du gouvernement tunisien auprès d'un groupe français, spécialisé dans l'exportation d'uniformes et d'équipement de police. Le matériel consistait en des tenues, des protections et des grenades lacrymogène mais pas de matériels militaires.
12h20. Septième immolation en une semaine en Algérie, rapporte le quotidien El Watan. A Dellys cette fois, dans l'est du pays. Plus tard dans l'après-midi, une huitième tentavie est rapportée dans ce pays. Un père de six enfants a tenté de s'immoler par le feu à El Oued, non loin de la frontière avec la Tunisie. Ses jours ne seraient pas en danger.
Midi. Plus de 1000 personnes manifestent dans le centre de Tunis. Parmi les slogans scandés: «Nous voulons un nouveau Parlement, une nouvelle constitution et nouvelle République», «Le ministre des Affaires financières est un ami des Trabelsi [famille de la femme de Ben Ali, ndlr]».
 
Manifestant à Tunis, le 19 janvier. (Photo: Finbarr O'Reilly / Reuters)
 
A Tunis aujourd'hui (Finbarr O'Reilly / Reuters)
Un cordon de policiers anti-émeutes empêche les manifestants d'accéder au ministère de l'Intérieur,avenue Bourguiba. «Nous avons pour ordre de ne pas charger la foule ni de tirer des bombes lacrymogènes», a indiqué à l'AFP un colonel de la police. Hier, la manif de Tunis a été violemment dispersée, à coups de matraques et de gaz lacrymogènes.
11h45. Depuis lundi, Libé est de nouveau disponible dans les kiosques, à Tunis et dans les grandes stations touristiques. Après plus de dix ans d'interdiction, le distributeur, filiale de Presstalis, s'efforce de reconstituer son réseau de vente. Pour l'anecdote, le premier numéro (ci-contre) affichait un prix qui ne tenait pas compte de l'évolution de la monnaie: 1700 dinars... soit 885 euros! Mardi, le prix a été ramené à deux dinars.
 
Photo transmise par le distributeur de Libé en Tunisie (Sotupress).
11h25. Lu sur le fil Twitter de la chaîne de télévision France 24:


11h20. Le couvre-feu est allégé de deux heures. Il court désormais de 20h à 5h. Mais l'interdiction des rassemblement de plus de trois personnes sur la voie publique est maintenue, de même que l'autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sur les personnes prenant la fuite aux contrôles.

10 heures. Le gouvernement de transition, toujours contesté, tiendra son premier Conseil des ministres demain. Parmi les principaux points à l'ordre du jour, selon une source gouvernementale interrogée par l'AFP: le projet d'amnistie générale annoncé lundi par le Premier ministre Ghannouchi, et l'application du principe de la séparation de l'Etat avec l'ancien parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD).
9h45. L'agence de notation Moody's abaisse d'un cran la note de la Tunisie (de «Baa2» à «Baa3»). «Baa3» reste une note attribuée à des émetteurs «capables de faire face au paiement de leurs dettes». L'agence justifie sa décision par «l'instabilité du pays». Elle relève aussi «les importantes incertitudes économiques et politiques» et la poursuite des troubles et la situation politique «qui met en danger la stabilité du pays».
Retrouvez tous nos reportages, interview, analyses et édito dans notre dossier spécial sur la Tunisie. Libération a décidé de mettre en accès gratuit tous les articles concernant la révolution en Tunisie.
A lire ce mercredi, le récit de l'audition de Michèle Alliot-Marie, hier à l'Assemblée nationale, une analyse sur le fiasco des autorités françaises...


source: liberation
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